Le parc français a une puissance moyenne d'environ 25% sur l'année pour les éoliennes terrestres, 40% pour les éoliennes en mer. 2:14
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Virginie Salmen, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Les éoliennes "ne fonctionnent qu'un quart du temps", elles sont "faites à partir de métaux non recyclables", et "détruisent la biodiversité". Voici quelques uns des arguments des anti-éoliennes. Mais qu'en penser ? Europe 1 fait le point sur ce que les partisans de l'éolien répondent à leurs détracteurs.

L’installation d’éoliennes est un sujet qui divise, voire qui irrite. Dans Le Figaro, lundi, Stéphane Bern dénonçait "une atteinte au paysage sans intérêt écologique". Quant à Fabien Bouglé, ancien expert éolien, engagé contre les éoliennes, invité d'Europe 1 mardi matin, il affirme que "Les éoliennes ne servent à rien". En plus d'être accusée de dénaturer le paysage, on reproche à ces dernières d'être inutiles, voire contre-productive en raison de leur impact sur l'environnement et la biodiversité. Mais face à ces arguments, les défenseurs de l'éolien ont de quoi répondre.

Plus d'éoliennes, moins de centrales à charbon

Principal argument des détracteurs des éoliennes : celles-ci ne fonctionnent qu'un quart du temps. Et effectivement, celles-ci fonctionnent par intermittence, en fonction du vent. Le parc français a une puissance moyenne d'environ 25% sur l'année pour les éoliennes terrestres, 40% pour les éoliennes en mer. Il y a donc toujours besoin de centrales pilotables nucléaire, hydroélectrique ou fossile pour compenser l'intermittence.

Mais attention, il ne faut pas en déduire que développer l'énergie éolienne augmente les émissions de gaz à effet de serre, car c'est faux. En France, quand on a besoin d'électricité pour le réseau, on fait d'abord appel aux sources renouvelables (éolien, solaire, hydraulique) en priorité, puis au nucléaire, ensuite le gaz et enfin le charbon. Si on installe plus d'éoliennes, on utilise donc mathématiquement moins les centrales à charbon et à gaz, voire le nucléaire.

Économiser certains matériaux

Autre argument : l'utilisation de métaux rares non recyclables dans la fabrication des éoliennes. Mais qu'en est-il vraiment ? "Il y a effectivement des questions sur certaines matières utilisées par les éoliennes, notamment le cuivre qui est un métal extrêmement utilisé, et pour lesquels la disponibilité dans les prochaines décennies pose question", répond Maxence Cordiez, ingénieur dans le secteur de l'énergie, qui reconnaît qu'il va falloir économiser certains matériaux. 

"Et ça soulève un point intéressant", poursuit le scientifique. "La transition énergétique, ça ne va pas juste être substituer les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) par des énergies alternatives bas carbone (éolien, solaire, nucléaire), il va aussi falloir économiser beaucoup d'énergie parce que si on utilise des combustibles fossiles, c'est parce que ce sont des énergies très efficaces, qui ont beaucoup d'avantages. On va les remplacer par des énergies moins pratiques et donc il va falloir faire des économies", insiste-t-il. 

Moins d'oiseaux tués par les éoliennes que par les chats

Enfin, sur Europe 1, mardi matin, l'ancien expert, Fabien Bouglé, affirmait que les éoliennes détruisaient la biodiversité et conduisaient notamment au déchiquetage d'oiseaux. "On a encore eu un exemple tout récent avec un oiseau très rare qui a été déchiqueté, ce qui a d'ailleurs été dénoncé par les associations de défense des oiseaux", a expliqué celui qui est également l'auteur d’une enquête fouillée sur La face noire de la transition écologique (Éditions du Rocher).

Sur ce point, c'est assez variable selon les parcs, mais en moyenne, une éolienne tuerait chaque année entre 0,3 et 18 oiseaux, selon une étude de la Ligue de protection des oiseaux. À titre de comparaison, c'est moins que les oiseaux tués par les chats.