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Nicolas Barré, directeur de la rédaction des "Echos" revient sur l'appel d'offres lancé par l'Etat pour la construction d'un parc éolien maritime. Une énergie renouvelable qui devient de plus en plus rentable avec les progrès technologiques. 

C’est un gigantesque appel d’offres que lance l’Etat pour la construction d’un parc éolien en mer. Malgré les oppositions, le gouvernement veut accélérer.

Oui car grâce aux progrès technologiques, cette source d’énergie devient rentable, même sans aides publiques. C’est ce que prouve aujourd’hui le Royaume-Uni, qui est de très loin le champion d’Europe en la matière. Déjà plus de 10% de l’électricité britannique vient de ces énormes éoliennes en mer dont chaque pale fait la longueur d’un Airbus A380. Et les Anglais vont quadrupler leur parc d’ici 2030, il atteindra alors 40 gigawatts soit l’équivalent de 40 tranches nucléaires. Pour un coût de l’électricité désormais tout à fait compétitif. Voilà pourquoi l’exemple britannique inspire le reste de l’Europe.

En France, des projets sont lancés, mais ça n’avance pas.

Non, les premiers appels d’offres ont été lancés, figurez-vous, en 2011, il y a dix ans, mais aucune éolienne en mer ne tourne encore. On est en France, les voies de recours sont multiples, elles permettent de retarder ce genre de projets pendant des années. Alors fort de ces expériences malheureuses, la législation a été revue pour accélérer les procédures. Cet appel d’offres que lance l’Etat, le 8e en dix ans, va bénéficier de ces avancées législatives. Il porte sur 1000 mégawatts, l’équivalent d’un gros réacteur nucléaire. Et malgré les oppositions de pêcheurs qui s’inquiètent de l’impact de ces éoliennes géantes sur la vie marine, trois autres grands projets sont dans les tuyaux, un en Bretagne, un autre au large de l’Ile d’Oléron en Charente-Maritime et un en Méditerranée.

Des projets qui intéressent tous les géants de l’énergie.

Bien sûr, y compris les grands groupes pétroliers comme Total ou Shell qui veulent se diversifier dans des énergies non carbonées. C’est ça la transition énergétique. C’est la naissance d’une nouvelle filière industrielle avec des milliers d’emplois à la clé. Mais le fait est qu’aujourd’hui, les usines françaises d’éoliennes, à Cherbourg ou à Saint Nazaire, produisent surtout pour nos voisins. Les écologistes qui vantent les vertus de la transition énergétique le matin sont parfois les mêmes que ceux qui bloquent ensuite ces projets: ils ne sont pas à une contradiction près.