ENQUÊTE - Drame de l'A7 : le défaut du turbo des moteurs Renault DCI connu des garagistes

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Salomé Legrand et Sophie Eychenne, avec Ugo Pascolo , modifié à
ENQUÊTE - Les témoignages de conducteurs ayant eu des difficultés avec le turbo de leur Renault commencent à s'accumuler, quatre jours après le drame de la Drôme. Un problème qui semble récurrent sur les moteurs DCI de la marque au losange, en tout cas connu des garagistes. De là à parler de défaut de conception ?  
ENQUÊTE

"Vous êtes en train de conduire et d’un coup, c’est la catastrophe." Quatre jours après le drame qui a coûté la vie à cinq enfants lundi soir sur l'A7 dans la Drôme, l'avocat de la famille Nicolas Cellupica, qui incriminait sur notre antenne le groupe Renault, mercredi, a confié avoir reçu une soixantaine de témoignages de conducteurs de Renault Grand Scénic 7 places qui ont eu également des problèmes avec le turbo de leur véhicule. Parmi eux, Agathe. Sur la route des vacances en 2012 à hauteur de Rambouillet avec mari et enfants, le turbo de sa voiture s'emballe. Elle raconte sa mésaventure au micro d'Europe 1. 

"Une fumée blanche à ne pas voir à 50 centimètres"

"Vous êtes en train de conduire et d’un coup, c’est la catastrophe : on ne voyait rien sur l'autoroute, une fumée blanche à ne pas voir à 50 centimètres. C'était vraiment impressionnant", se souvient-elle. Contrairement à la famille de Vénissieux, dont quatre membres sont encore hospitalisés, Agathe a pu freiner et se ranger "tout de suite sur la bande d'arrêt d'urgence". Craignant que le véhicule ne prenne feu, le mari d'Agathe réagit alors au quart de tour, tandis que le véhicule continue de vrombir à l'arrêt.

Un problème assez récurrent sur les moteurs Renault DCI

"Il a réussi à enlever les ceintures, à prendre les deux enfants et à les jeter dans le bas-côté. C'était la nuit, ils étaient pieds nus sous la pluie, dans une épaisse fumée blanche", résume-t-elle. Indemne, la famille appelle alors les autorités compétentes et le véhicule se retrouve au garage. "Le mécanicien a pris trois jours pour faire son diagnostic et nous a dit que c'était le turbo qui s'était emballé et qui avait fait une casse moteur". Un problème connu sur ce modèle, semble-t-il, puisque le garagiste lui glisse ensuite que le turbo était "la tare des Grand Scénic 2". 

Une récurrence confirmée également par plusieurs garagistes, interrogés par Europe 1, sur les moteurs de Renault DCI, notamment ceux des années 2000. Et y compris sur des véhicules récents qui roulaient depuis un an ou deux seulement. "Je ne compte plus le nombre de conducteurs que j'ai retrouvés en train de bégayer sur la bande d'arrêt d'urgence tant ils avaient eu peur de ce qui venait de se passer", confie ainsi l'un deux, souhaitant rester anonyme. 

L'âge du véhicule en question

Mais en ce qui concerne spécifiquement le drame de la Drôme, il faut aussi prendre en compte l'âge du véhicule, pointe au micro d'Europe 1 Pierre-Louis Champeaux, chef du service occasion pour le magazine Autoplus. "Ce qui pose problème, c’est qu’on est sur un véhicule âgé de 15 ans dont on ne connait pas la rigueur de l’entretien, ni l'état général avant l’accident", avance-t-il. Difficile donc dans ces "conditions de parler d'un défaut de conception ou de fabrication", d'après lui. 

Et de conclure : "Quand on est dans ce type de cas de figure, les problèmes se manifestent bien avant. Là, on est arrivé à une échéance qui correspond plus ou ou moins à la durée de vie du turbo."