Diversité dans la haute fonction publique : "Le problème n'est pas l'accès, mais le plafond de verre"

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Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe 1, le commissaire divisionnaire Abdelkader Haroune, membre du Comité présidentiel des villes, affirme que le problème de la diversité dans la haute fonction publique ne tient pas à un problème de recrutement, mais au fait "qu'une frange de la population s'est accaparée" ce secteur. 
INTERVIEW

Comment diversifier nos élites ? Faut-il bousculer la formation des futurs hauts fonctionnaires, notamment à l'ENA, comme le préconise Frédéric Thiriez dans un rapport remis mardi à Édouard Philippe ? Si le membre du Comité présidentiel des villes Abdelkader Haroune salue le travail de l'ancien patron de la Ligue de football professionnel, il avance que le problème de diversité dans les grandes écoles n'est pas dû "à leur accès", mais à "la visibilité". Ce qu'il appelle au micro d'Europe 1 "le plafond de verre".

"La haute fonction publique a été accaparée par une certaine frange de la population"

Invité du "Grand journal du soir" mercredi, ce commissaire divisionnaire de police affirme que "la haute fonction publique a été accaparée par une certaine frange de la population". Citant une étude menée par un sociologue, il avance que "deux tiers des personnes qui ont fait Sciences Po se détournent de la fonction publique parce qu'ils savent qu'ils vont être discriminés à un moment". 

Affirmant que le président de la République Emmanuel Macron lui a dit en personne qu'avoir une "France qui reflète les territoires" était une priorité, il en est arrivé à la conclusion "évidente" que les résistances viennent de la fonction publique elle-même. "Tout le monde est d'accord, alors pourquoi il y a des blocages ? Parce que des personnes à des postes à responsabilités n'ont pas envie que les choses changent." Pour Abdelkader Haroune, le "système de l'entre-soi et des réseaux" a pour conséquence "une discrimination" une fois un certain niveau hiérarchique franchi. "A un moment, ce n'est plus accessible à une personne qui a du mérite", pointe-t-il. 

Une commission contre la discrimination

Pour remédier à ce "plafond de verre" et permettre une diversification dans ce secteur, il propose la création, via un projet de loi, d'une "commission indépendante de la haute fonction publique". Cette instance aurait à charge d'analyser les lieux de résidence des hauts fonctionnaires" pour pouvoir détecter des éventuels cas de discriminations.