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Le professeur de philosophie Didier Lemaire était l'invité ce jeudi de "Punchline" sur Europe 1. Celui qui avait déclaré être menacé pour son enseignement de la laïcité a dressé un constat accablant de la situation de l'école dans les territoires soumis à la pression islamiste. "Un renoncement total", estime-t-il, un an après l'assassinat de Samuel Paty.
INTERVIEW

À l'école, les choses ont-elles changé depuis l'assassinat de Samuel Paty, il y a un an ? Pour Didier Lemaire, professeur de philosophie qui s'est fait connaître en février dernier lorsqu'il a déclaré être menacé par les islamistes à Trappes, ville dans laquelle il enseignait, le constat est accablant : la sécurité des professeurs est toujours menacée et la défense de la laïcité n'a pas progressé, déplore-t-il jeudi soir, dans Punchline sur CNews et Europe 1. 

L'Education nationale, responsable de la mort de Samuel Paty ?

L'Éducation nationale organisera vendredi une série d'hommages au professeur d'histoire-géographie, dont une minute de silence. Mais le ministère n'a pas souhaité le rendre obligatoire dans les établissements. "Une défaite", constate le professeur de philosophie : "Je suis triste et toujours en colère. Qu'il n'y ait aucune obligation d'honorer la mémoire de Samuel Paty est absolument inacceptable."

Pour le professeur, l'Education nationale a d'ailleurs une part de responsabilité dans la mort de l'enseignant. "Nous avons aussi affaire à un bal des hypocrites, car la vérité n'est toujours pas faite sur les responsabilités de l'institution dans cet assassinat. D'après le rapport de l'Education nationale, le référent laïcité a mis en cause le travail de l'enseignant", dénonce Didier Lemaire. "Le professeur [Samuel Paty, NDLR], alors même qu'il était menacé, n'a pas été placé sous protection", ajoute-t-il.

Un an après cet assassinat, les menaces visant les professeurs sont toujours régulières, selon Didier Lemaire. "C'est l'école dans son ensemble, partout sur le territoire, qui est attaquée. Il y a aujourd'hui une dizaine d'enseignants qui sont menacés de morts et qui ne sont toujours pas protégés. Ces enseignants m'écrivent. Ils se retrouvent seuls. C'est la raison même qui est attaquée par les islamistes aujourd'hui." 

"Un renoncement total"

Pour Didier Lemaire, la responsabilité de cette situation incombe aux politiques. "C'est un renoncement total. Rien n'a changé depuis Samuel Paty. Il y a quelques avancées minimes mais il n'y a pas de plan pour contrer cette offensive. Il n'y a rien qui est fait pour l'école qui est menacée aujourd'hui. La pression s'exerce partout dans les classes."

Dans son livre, Lettre d'un hussard de la République, Didier Lemaire revient sur la responsabilité d'un collègue de Samuel Paty, qui ne lui aurait pas porté secours alors que le professeur était en train de se faire tuer par le terroriste tchétchène, et qui aurait conduit 600 kilomètres vers sa résidence secondaire. Un "fait", selon le professeur de philosophie, qui appelle à ce qu'une enquête soit ouverte. "J'ai écrit cette page pour qu'il y ait une enquête. Ce fait m'a été relaté par une personne que j'estime digne de confiance qui exerce des responsabilité dans l'institution. Je ne peux évidemment pas le vérifier moi-même et j'espère qu'une enquête sera ouverte parce que nous avons affaire à un délit très grave de non-assistance à personne en danger", a-t-il expliqué.