Didi, agent de sécurité au Bataclan : "La pétition me touche"

© MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
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Didi, l’agent de sécurité du Bataclan qui a sauvé des dizaines de vies, est ému de la pétition lancée pour sa naturalisation même s’il refuse l’étiquette de héros.
TÉMOIGNAGE

Il y a eu Lassana Bathily, l'employé de l'Hyper Cacher, il y a désormais Didi. Cet Algérien de 35 ans est l’un des héros des attentats du 13 novembre dernier même s’il en refuse le statut. Employé comme agent de sécurité au Bataclan, il a ouvert les portes de la salle de spectacle et permis de sauver des dizaines de personnes. Aujourd’hui, une pétition demande sa naturalisation ainsi que la Légion d’honneur. Plus de 30.000 personnes l'ont déjà signé. Il se confie à Europe 1.

Héros malgré lui. Didi ne se sent pas l’étoffe d’un héros. "Pour moi, les héros dans cette histoire, ce sont les morts et leurs familles qui doivent porter le deuil, sans oublier les blessés graves. Je n’estime pas être un héros, pas du tout", assure-t-il à Europe 1. Pourtant, le courage dont il a fait preuve le soir des attentats ressemble bien à un acte héroïque.

Il a d’abord ouvert une première issue de secours avant de retourner dans la salle de spectacle sans savoir que les terroristes étaient déjà à l’oeuvre. Comme tout le monde, l’agent de sécurité se couche au sol, éteint son talkie-walkie et entend les terroristes parler de "la Syrie" et de "Hollande". Il profite ensuite d’un moment où les terroristes rechargent leurs armes pour crier aux gens de sortir par une autre issue de secours. Didi met ensuite à l’abri une cinquantaine de personnes dans une résidence universitaire toute proche.

"Faire pour Didi ce qu’on a fait pour Lassana". Comme il l’explique, Didi est arrivé en France à l’âge de 6 mois de son Algérie natale. Il n’avait jamais demandé la nationalité française, "se sentant français, même sans les papiers". D’autres ont entrepris de le faire pour lui et demande par ailleurs que lui soit remise la Légion d’honneur.

Le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a ainsi lancé une pétition en ce sens sur le site Change.org. Plus de 30.000 personnes l’avaient déjà signée samedi. Contacté par Europe 1, Louis-Georges Tin, le président du Cran, explique : "J’ai pris connaissance de cette histoire fin décembre. J’ai été stupéfait que cet acte héroïque ait été passé sous silence. Nous voulons faire pour Didi ce que nous avons fait pour Lassana" (c’est le Cran qui avait lancé la pétition pour naturaliser Lassana, ndlr.).

"Ça m’a fait plaisir, chaud au cœur cette mobilisation". Didi, lui, n’était pas du tout au courant. "J’ai vu cette pétition et je ne vais pas vous le cacher, ça m’a fait chaud au coeur de voir tous les commentaires de ces personnes que j’ai pu aider", raconte-t-il. Mais il l’assure, cette démarche de naturalisation, il avait bien l’intention de la faire avant le 13 novembre : "Toute ma famille est française ou a la double nationalité. Je me suis marié il y a deux mois et je vais fonder une famille. C’est une démarche qui allait être faite sans même parler de cette tragédie".

Quant à la comparaison avec Lassana Bathily, Didi ne se départit pas de sa modestie : "Je connais les grandes lignes de son histoire, mais je ne me compare à personne. Dans le Bataclan, il y a des anonymes qui ont eu des actes de bravoure énormes, je ne suis pas là pour mettre en avant et dire : 'je suis untel ou untel'". Et d’ajouter qu’il a agi "sans réfléchir" et est "content d’avoir pu sauver pas mal de personnes", dont lui-même.