Lampadaires, Paris, MARTIN BUREAU / AFP 1280 2:45
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Benjamin Peter avec G.D.
L'éclairage nocturne a de graves conséquences sur la biodiversité. Une start-up toulousaine a donc développé une technologie qui permet de lutter contre cette pollution lumineuse, tout en maintenant un sentiment de sécurité.

L'éclairage nocturne a augmenté de 94% en France en 25 ans, d'après l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). "Tout l'éclairage public, c'est 89% de points lumineux en plus en France depuis 25 ans", abonde Anne-Marie Ducroux, présidente de l'ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne) dans Circuits Courts, sur Europe 1. Et selon elle, ce chiffre est "sous-estimé" car il faut y ajouter "toutes les sources lumineuses issues de l’éclairage des façades, des vitrines, des bureaux non-occupés, des enseignes, des publicités lumineuses, des sites privés...".

Et cela a des conséquences puisque "nous avons besoin d’être exposés à la lumière solaire le jour et de vivre dans l’obscurité la nuit. Or nous vivons quasiment à l’envers. (...) On perturbe notre horloge biologique". Cette pollution lumineuse est également problématique en termes de biodiversité. "Le cycle alimentaire, le cycle de reproduction, les déplacements, les migrations" des êtres de la biodiversité sont totalement perturbés.

>> Mais sans cet éclairage public se pose la question de la sécurité. C'est pourquoi Kawantech, une start-up toulousaine, a mis au point une technologie de lampadaires intelligents, qui éclairent avec plus ou moins d'intensité selon ce qu'il se passe dans la rue. 

"Le capteur distingue un mouvement lent et va monter en puissance". Ces lampadaires à LED tout à fait classiques, sont équipés d'un petit module développé par l'entreprise qui va repérer les mouvements autour de lui. A 10% de sa puissance en permanence, le lampadaire se rallume dès qu'un piéton ou un véhicule se présente. "Lorsqu'une voiture arrive dans une rue, on a un éclairage qui est au départ très faible. On consomme 15 Watts alors que les lampadaires jaunes aujourd'hui consomment 150 Watts. Si jamais le véhicule va très lentement, le capteur distingue un mouvement lent et va monter en puissance. Et là, on passe à peu près à 90 watts d'éclairage pour aider cette personne-là et pour bien éclairer autour d'elle. Elle se gare et elle a besoin de voir les voitures devant ou derrière, ou s'il n'y a pas quelque chose ou quelqu'un", explique Yves Le Henaff, le patron de Kawantech.

Pour ce qui est des piétons, c'est toujours le lampadaire qui se trouve devant lui qui va être éclairé : "On détecte la personne entre 35 et 40 mètres avant. On voit d'assez loin des mouvements et on sait faire la différence entre un arbre qui bouge avec le vent et un piéton qui bouge vraiment. C'est la masse des gens, la trajectoire, quelque chose qui bouge aux alentours des 5 km/h, c'est un piéton."

Une économie de 67% en un an. Cette technologie a été testée dans deux rues pendant un an à Toulouse. La ville a installé des compteurs électriques afin d'évaluer la consommation des ces lampadaires et le résultat est assez parlant puisque l'économie est de 67%. L'éclairage est donc plus efficace et moins cher et la ville a passé commande pour près de 500 autres lampadaires. D'autres villes sont intéressées, notamment Paris, qui a équipé la rue Antoine Bourdelle avec 15 de ces réverbères intelligents le mois dernier.

Le module développé par Kawantech coûte 200 euros, en plus du prix d'un lampadaire classique. D'après l'entreprise, ce montant est aujourd'hui amorti en sept ans mais ils travaillent sur une amélioration du système afin qu'il puisse être amorti encore plus rapidement, entre quatre ou cinq ans.