Des gendarmes du GIGN s'en prennent à leur chef dans une lettre anonyme

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Image d'illustration. © SEBASTIEN BOZON / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une lettre anonyme dévoilée mercredi par "Le canard enchaîné", ils critiquent leur supérieur, "un mauvais chef" qui est "peu courageux".

Des gendarmes d'élite du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) s'en prennent vivement à leur chef, le colonel Hubert Bonneau, dans une lettre anonyme, lui reprochant d'être "peu courageux" et de ne pas avoir engagé ses hommes au Bataclan lors des attentats du 13 novembre.

Une poignée de mécontents ? Cette lettre de trois pages adressée au patron de la gendarmerie nationale Denis Favier, révélée mercredi par Le Canard enchaîné, est seulement signée "l'esprit de l'inter", au nom de membres de la Force intervention, qui regroupe une centaine de militaires. Il est impossible de savoir combien d'entre eux adhèrent aux propos virulents de ce courrier, mais selon les différents gendarmes du GIGN interrogés sous couvert d'anonymat, elle émane d'une poignée de mécontents tandis que de nombreux membres de la force d'élite n'y ont pas été associés. 

"Voilà maintenant deux ans que nous subissons le commandement injuste et peu légitime du colonel Bonneau", "un mauvais chef", "qui fait de son mieux pour minimiser la Force intervention", écrivent les initiateurs de la lettre. Lui reprochant de ne pas être issu comme eux de "l'inter", ou "intervention", cœur de métier du GIGN, ils estiment que leur patron "ne comprend rien aux missions d'intervention", "est peu courageux et perd ses moyens dans l'action".

Le 13 novembre, il "a attendu sagement d'être appelé". En cause, notamment, selon ces militaires anonymes, la soirée du 13 novembre. Au début des attentats, un groupe du GIGN s'est pré-positionné, à la demande des autorités, à la caserne des Célestins, dans le centre de Paris, pour intervenir en cas de nouvelles attaques. "Alors que nous étions 40 opérationnels (...) prêts à mener un assaut, prêts à faire cesser la tuerie", le colonel Bonneau "attendait sagement d'être appelé" et "se cachait derrière une histoire de compétence territoriale", accusent-ils, se disant "scandalisés et traumatisés par cet événement".

Réaction du GIGN. Dans un communiqué publié mercredi, le GIGN a tenu à réagir à cette révélation en rappelant que la commission d'enquête parlementaire relative aux attentats du 13 novembre avait conclu qu'"aucun élément ne vient accréditer la thèse d'un éventuel dysfonctionnement dans l'emploi du GIGN". Par ailleurs, Denis Favier, directeur général de la gendarmerie nationale, réaffirme "toute sa confiance au commandant du GIGN", le colonel Hubert Bonneau.