Déradicalisation : résultats "positifs" pour une expérimentation judiciaire en Alsace

A l'inverse de cette initiative, le centre de Pontourny, en Indre-et-Loire, qui accueillait des jeunes radicalisés, a fermé cet été faute de résultat.
A l'inverse de cette initiative, le centre de Pontourny, en Indre-et-Loire, qui accueillait des jeunes radicalisés, a fermé cet été faute de résultat. © AFP
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avec AFP
Vingt-trois délinquants considérés comme en voie de radicalisation islamiste ont été pris en charge dans le cadre d'un programme de déradicalisation expérimenté dans le Haut-Rhin.

Vingt-trois délinquants considérés comme en voie de radicalisation islamiste, mais non soupçonnés d'actes de terrorisme, ont été pris en charge avec succès dans le cadre d'un programme judiciaire de déradicalisation expérimenté dans le Haut-Rhin, ont annoncé vendredi les promoteurs de cette initiative.

Des "signes de réinsertion". Deux ans après le lancement de ce projet, on note des "indicateurs d'évolution positifs", en tout cas pour les neuf personnes qui sont allées au bout du programme individuel élaboré à leur intention, a expliqué lors d'une conférence de presse le procureur général près la cour d'appel de Colmar, Jean-François Thony. Pour les 14 autres, le suivi n'est pas terminé. Aucun des participants n'est en détention. "On ne peut jamais dire d'une manière ferme et définitive qu'une personne est déradicalisée, mais on peut dire 'il y a des signes de réinsertion' ", a précisé Jean-François Thony, évoquant une "prise de distance avec les théories du complot" ou une "reconstruction des liens familiaux". Les individus concernés sont pris en charge pendant au moins six mois par une équipe pluridisciplinaire d'éducateurs, de psychologues ou de psychiatres. Chaque parcours est individualisé : l'un peut être amené à suivre des cours sur les théories du complot, un autre à faire un "séjour de rupture" avec des éducateurs, etc. 

Un dispositif très peu coûteux. Le programme s'adresse à des personnes ayant commis une infraction pénale. Dans certains cas, il peut s'agir de faits d'incitation à la haine ou d'apologie du terrorisme. Dans d'autres, de faits n'ayant aucun rapport avec cette problématique - comme des violences conjugales ou des dégradations - mais dont les auteurs sont "repérés" pour leurs propos extrémistes. Le programme mulhousien "est immédiatement transposable à l'ensemble du territoire français", a souligné la sénatrice (LR) du Haut-Rhin, Catherine Troendlé, co-auteur en juillet dernier d'un rapport parlementaire sur la politique de déradicalisation menée en France. Cette initiative est très peu coûteuse - de l'ordre de quelques milliers d'euros par personne suivie et par an -, loin de la "gabegie financière" qu'a représenté, selon elle, le centre controversé de Pontourny, en Indre-et-Loire, qui a fermé cet été faute de résultat.
Le gouvernement doit présenter d'ici à début janvier "une quinzaine de plans de lutte contre la radicalisation", a précisé mi-novembre le président Emmanuel Macron.