De nouvelles salles de consommation de drogue dans le 10ᵉ arrondissement de Paris ? Pour les riverains, c'est «non»
Alors que le candidat écologiste David Belliard propose d’ouvrir six nouvelles salles de consommation de drogue, les riverains du 10ᵉ arrondissement alertent sur la situation autour de la seule salle parisienne où nuisances, insécurité et scènes d’injection rythment leur quotidien.
Alors que David Belliard, candidat écologiste à la mairie de Paris, propose d’ouvrir six nouvelles salles de consommation de drogue, les habitants du 10ᵉ arrondissement dénoncent un quotidien devenu insupportable autour de la seule salle existante, située à côté de l’hôpital Lariboisière.
Des dizaines de seringues et de compresses usagées jonchent le sol, à deux pas de la salle de consommation à moindre risque, ouverte en 2016. Une odeur d’urine épouvantable flotte dans l’air.
"Des hurlements, des bagarres"
Sarah, grand-mère, travaille dans une maison d’édition, souvent depuis chez elle. Cela fait cinquante ans qu’elle habite dans ce quartier. Membre du collectif Riverains Lariboisière Gare du Nord, elle ne supporte plus ces nuisances.
"Ce sont des hurlements, des bagarres, des règlements de compte d’une extrême violence…" décrit la Parisienne. "J’ai assisté à des scènes d’injection dans l’entrée de mon immeuble. Très souvent, on les voit jeter leur seringue par-dessus la grille, c’est-à-dire à l’intérieur de l’hôpital", poursuit-elle.
Les habitants ne comprennent pas qu’une telle structure ait été implantée dans un quartier familial, entouré d’écoles, de commerces et d’une maternité. "Des mamans qui conduisent leurs enfants à l’école vous diraient que c’est inadmissible : les petits assistent à des scènes d’injection. Elles doivent détourner leur regard ou inventer des explications », déplore Sarah.
Une insécurité permanente
Depuis l’ouverture de cette salle, l’insécurité s’est renforcée. "J’ai été agressé dans la rue et surtout dans mon immeuble. Ils font peur. On a envie de leur dire de partir mais on n’ose pas… On se dit qu’ils peuvent sortir un couteau. C’est invivable", confie Louis, 35 ans. Tous les jours, il est confronté à la présence des toxicomanes et des dealers.
Les commerçants partagent ce constat. Arnaud, employé d’une auto-école voisine, voit chaque jour les effets sur son activité.
"Vis-à-vis de la clientèle, ça ne donne pas une très bonne image. Notre public féminin, notamment, est souvent stressé par ce genre de situations", explique-t-il. À force, plus aucun commerce ne souhaite s’installer ici, de peur de faire fuir les clients.
Les riverains se sentent délaissés par les pouvoirs publics. Depuis près de dix ans, les riverains écrivent aux pouvoirs publics - ministère de la Santé, de l’Intérieur, préfecture de police - sans jamais obtenir la moindre réponse.