Edouard Philippe a annoncé samedi soir la fermeture des commerces non-indispensables, bars, restaurants, cinémas... 1:21
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Caroline Baudry, Pierre Herbulot, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
La France est entrée samedi soir dans le stade 3 de l'épidémie, avec la fermeture des commerces non indispensables. Bars, restaurants ou cinémas sont donc fermés depuis samedi soir minuit. Mais avant le confinement, des Parisiens ont pris leur dernier verre et assisté à leur dernière séance de cinéma jusqu'à nouvel ordre...

"Une espèce de cérémonie d'adieu, un bal de l'au revoir..." Benjamin, habitué d'un restaurant parisien, prend son dernier verre. Jusque là, il rechignait à limiter ses déplacements. "C'est un peu surréaliste, donc évidemment, on sort de chez soi... On a envie de partager ses appréhensions, partager ses craintes. Et puis faire avec." Mais désormais la France est entrée dans le stade 3 de l'épidémie pour permettre au pays d'être plus efficace dans la lutte contre le coronavirus. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé samedi soir la fermeture des bars, des restaurants et des cinémas, de tous les commerces "non indispensables". Samedi avant minuit, les restaurateurs servaient donc leurs derniers plats et verres, et les cinémas proposaient leurs dernières séances...jusqu'à nouvel ordre.

"On a pris le meilleur vin et on refait le monde"

Alors Yvan a décidé de sortir une dernière fois avant fermeture à minuit. "On a pris le meilleur vin et on refait le monde, en espérant que ça ne dure pas trop longtemps ! C'est une forme d'état de guerre, là, qui nous est imposé", constate le Parisien. "J'ai tendance à croire que, cette histoire de virus, y a quand même une dangerosité... On n'a pas forcément conscience du truc."

Un passage au stade 3 et des mesures drastiques pour aider à une prise de conscience, laborieuse pour ces parisiens. Derrière le comptoir, Mélanie, la responsable des lieux, voit son restaurant se vider depuis le début du mois. Pour elle la fermeture est un nouveau coup dur, après les grèves de fin d'année. "Toute la nourriture qui est là, c'est de la perte...Donc ça va être compliqué. Derrière y a du personnel, y a des familles. Comment on va faire ?" Elle ajoute s'étonner de ne pas avoir reçu les consignes il y a deux jours, en même temps que les annonces des fermetures d'écoles et l'interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes. 

"Peut-être que c'est pas plus mal"

Au cinéma de Beaugrenelle, dans le 15ème arrondissement, les spectateurs rencontrés oscillent, eux, entre résignation et principe de précaution. "Je ne dirai pas que ça soulage, mais moi qui ait travaillé à Beaugrenelle, j’ai été surprise de voir le nombre de visiteurs dans le centre commercial aujourd'hui…", s'alarme une employée, qui soutient les fermetures. "Peut-être que c’est pas plus mal, quelque part", estime donc Magali. "Cela nous paraissait loin mais comme on a pu le voir avec nos voisins, ça a pris des proportions importantes et le cinéma n’est pas la priorité du moment". 

 

Pour Charlotte et Jonathan, cinéphiles, c'est en revanche un vrai rituel du weekend qui va disparaître : "Perso ça va être compliqué ! On va devoir lire, écouter des podcasts, écouter la radio…Mais fini le cinéma", estime la première. "C’est un peu la prison !", renchérit Jonathan. Emilie, elle, vient de rater la dernière séance, prévue à 22h30 mais déprogrammée, puisqu'elle se terminait après minuit, heure de fermeture de tous les commerces dits "non-indispensables".