Alain Fischer 1:20
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avec AFP , modifié à
Nommé par le gouvernement pour piloter la stratégie vaccinale anti-Covid-19 de la France, l'immunologue Alain Fischer a estimé dans les colonnes du Journal du Dimanche que les personnes qui accepteront de se faire vacciner devront également jouer un rôle d'ambassadeur auprès des sceptiques.

Alain Fischer, le professeur nommé par le gouvernement pour piloter sa stratégie vaccinale anti Covid-19, entend rétablir la confiance à l'égard de la vaccination "en évitant les injonctions", tout en s'appuyant sur l'ensemble de la société, a-t-il expliqué au Journal du Dimanche. Pour ce professeur d'immunologie et chercheur en biologie, qui va présider le "conseil d'orientation de la stratégie vaccinale" chargé d'appuyer le gouvernement, l'adhésion de la population sera favorisée par "des messages bien faits, ciblés, répétés, en évitant les arguments d'autorité, les injonctions émanant des responsables sanitaires".

"On peut s'inspirer de ce qui a été bien fait en 2018 pour accompagner l'obligation vaccinale chez les enfants", a-t-il déclaré, en référence aux huit vaccins, jusqu'alors recommandés, rendus obligatoires chez les petits, en plus de trois qui l'étaient déjà. Ce pédiatre compte sur les professionnels de santé pour informer la population : "généralistes, pharmaciens, infirmières libérales".  "Mais, pour répondre, ces professionnels doivent eux-mêmes avoir accès à de bonnes informations", a-t-il ajouté. 

"Ensuite, il est possible que les personnes vaccinées deviennent des ambassadrices du vaccin", a plaidé le professeur Fischer. "Les représentants de la société civile et les associations de patients de maladies chroniques ont aussi un rôle important à jouer pour faire progresser la confiance".

Les trois premiers mois de la campagne de vaccination n'auront pas d'impact sur l'épidémie 

La vaccination anti Covid-19 doit démarrer en janvier dans les Ehpad (maisons de retraite médicalisées) mais cette avancée "ne doit pas apparaître comme une protection collective" susceptible d'éviter une troisième vague, a-t-il mis en garde. "Dans les trois mois à venir", la vaccination "va concerner au mieux trois millions de personnes. Ce sera sans impact sur la dissémination du virus", a expliqué l'immunologue. "Pendant les fêtes, il est essentiel de continuer à suivre toutes les mesures de distanciation, port du masque, lavage de mains, et de limiter les réunions de famille ou d'amis". 

Interrogé sur un éventuel retard de la France par rapport à la Grande-Bretagne, où la vaccination sera possible dans les prochains jours, Alain Fischer répond qu'"il faut se donner le temps de l'évaluation et de l'organisation. Mieux vaut que cela fonctionne en prenant quelques semaines de plus". Selon des chiffres dévoilés vendredi par Santé publique France, seule la moitié des personnes interrogées en novembre ont l'intention de se faire vacciner contre le Covid-19, contre deux tiers en juillet.