1:42
  • Copié
Romane Hocquet, édité par , modifié à
Légalement, l'État a le droit de réquisitionner les commandes des collectivités. Le problème, c'est la façon de faire. "On n'est pas là pour piquer les masques des uns ou des autres", regrette la présidente des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal.

"L'heure du confinement va durer". Édouard Philippe l'a encore répété mardi : l'une des conditions pour en sortir sera probablement le port généralisé du masque. Encore faut-il qu'il y en ait pour tout le monde : plus d'un milliard et demi ont été commandés. Et comme c'est une denrée rare, l'Etat se donne le droit de réquisitionner les commandes des collectivités. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la pratique a du mal à passer.

"On n'est pas là pour piquer les masques des uns ou des autres". Légalement, l'Etat a le droit de réquisitionner les commandes des collectivités - masques chirurgicaux ou FFP2 - mais à une condition, précise le décret : la commande doit dépasser les 5 millions d'unités. Voilà pour la règle. Le problème, c'est la façon de faire. 

La semaine dernière, la préfecture du Grand-Est, relais de l'Etat, a réquisitionné les masques destinés aux Bouches-du-Rhône... sans aucune explication, s'agace la présidente du département, Martine Vassal : "J'aurais du recevoir 3,5 millions de masques, j'en ai reçu 300.000... sans nous prévenir, sans rien. Ces masques ont été payés avec l'argent du conseil départemental. Il faut qu'avec l'Etat nous soyons des partenaires, on n'est pas là pour piquer les masques des uns ou des autres et mettre des populations en danger".

Dans cet avion, il y avait aussi la commande de la Bourgogne-Franche-Comté, également saisie. Cette région s'interroge sur la logique de ces réquisitions alors que l'ile-de-France, la Bretagne, l'Auvergne-Rhône-Alpes ont, elles, reçu leurs commandes sans difficulté.

L'Etat reprend la main. Cette gestion semble en tout cas illustrer une volonté de l'Etat : reprendre la main sur les réserves de masques. Une responsabilité transférée aux régions il y a sept ans, au début du quinquennat de François Hollande. Résultat : des stocks éparpillés, dispersés, et une difficulté majeure : connaître le nombre exact de masques disponibles sur le territoire.