Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré dimanche vouloir que toute personne conduisant sous stupéfiants se voie automatiquement retirer les 12 points de son permis de conduire. 1:27
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Alexandra Jaegy avec AFP , modifié à
Pierre Palmade a été mis en examen pour homicide involontaire et assigné à l'hôpital avec un bracelet électronique. Une semaine après l'accident causé par l'humoriste sous l'emprise de la cocaïne au moment des faits, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin réagit et annonce plusieurs mesures dans une interview accordée au "Journal du Dimanche".

Une semaine après le drame causé par Pierre Palmade, une question se pose : comment éviter les accidents de la route liés à la prise de stupéfiants ? Sous l'emprise de la cocaïne au moment des faits, l'humoriste est désormais mis en examen pour homicide involontaire et assigné à l'hôpital avec un bracelet électronique. Le ministre de l'Intérieur annonce plusieurs mesures pour limiter ce type d'accident à l'avenir dans une interview accordée au Journal du Dimanche.

"C'est sans doute l'arbre qui cache la forêt"

Le ministre de l'Intérieur souhaite faire adopter une réglementation qui rendra immédiat le retrait de permis pour toute personne positive aux stupéfiants lors d'un contrôle. Actuellement, la conduite sous l'usage de stupéfiants est sanctionnée de la perte de six points. Des peines complémentaires peuvent aussi entraîner une suspension du permis pour une durée maximale de trois ans et une annulation du permis avec trois ans maximum d'interdiction de demander un nouveau permis.

Cette première mesure annoncée par Gérald Darmanin est un signal fort selon Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière, mais reste insuffisante. "C'est sans doute l'arbre qui cache la forêt. C'est d'abord une pression de contrôle plus importante qu'il faut envisager. Et également, quand il y a jugement, des peines plus importantes qui puissent être prononcées", affirme-t-il au micro d'Europe 1.

Renforcer les contrôles de stupéfiants au volant

Renforcer le contrôle des stupéfiants au volant est la deuxième mesure annoncée par le ministre de l'Intérieur. Un total de 800.000 contrôles routiers "contre la drogue" ont eu lieu en 2022, "soit le double des années précédentes". "J'ai donné comme instruction d'en faire un million cette année", a-t-il déclaré dans cette interview. D'après Pierre Lagache, c'est encore trop faible. "On peut évidemment souligner l'intérêt de cette évolution, mais elle reste très en deçà de la pression de contrôle qu'il faudrait envisager. Pour exemple, concernant les contrôles en alcoolémie, on est à près de 7 millions, donc l'essentiel du problème passe encore à travers les mailles du filet."

Gérald Darmanin veut également "rendre obligatoire la visite médicale de tout consommateur avéré de drogue pour qu'il soit autorisé à conduire s'il se soigne", a-t-il indiqué sur Twitter. Les accidents routiers liés aux stupéfiants sont la troisième cause de décès sur la route. Environ 600 personnes meurent chaque année dans ces accidents.

Renommer en "homicide routier" les accidents mortels dus à la drogue et à l'alcool

S'appuyant sur la proposition d'associations, le ministre de l'Intérieur dit par ailleurs travailler "avec Eric Dupond-Moretti pour renommer en 'homicide routier' les accidents mortels dus à la drogue et à l'alcool". Une avancée nécessaire à la reconstruire des victimes, explique Pierre Lagache. "Il faut savoir que c'est très important pour les victimes d'avoir le sentiment d'être reconnu, que la peine qui est prononcée soit à la hauteur du préjudice subi. C'est rarement le cas. Cette loi sur l'homicide routier vise simplement à créer les conditions pour que les aménagements de peine ne soient plus possibles dans des cas où la délinquance routière est vraiment avérée. L'homicide routier, qui a été déposé pour lecture au Sénat en novembre 2022 est à ce stade dans la pile. On peut espérer que les événements récents vont créer les conditions pour qu'il puisse être examiné rapidement par les sénateurs."