Communautarisme à l’école : "les atteintes à la laïcité commencent de plus en plus tôt"

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Après la note des services de renseignement dévoilée mardi par Europe 1 sur le communautarisme à l'école, Bernard Ravet, auteur en 2017 de "Principal de collèges ou imam de la République", lance "un cri d’alerte" et appelle les parlementaires à légiférer contre "l’endoctrinement" des enfants dès l’âge de cinq ans.
INTERVIEW

C’est une note alarmiste qu’Europe 1 a révélée mardi matin. Selon les services de renseignement, des dérives communautaires par forcément plus nombreuses mais plus marquées ont lieu de plus en plus tôt à l’école. Dans ce rapport transmis à l’Elysée, à Matignon et au ministère de l’Education nationale, et qui se concentre sur l’islam, les exemples d’atteinte à la laïcité, lors des repas, des sorties scolaires et dans la classe, sont légion. "Ça ne m’étonne pas du tout", réagit sur Europe 1 Bernard Ravet, auteur en 2017 du très remarqué Principal de collèges ou imam de la République. "Dès 2004, on avait des signes, avec le rapport Obin. Les politiques n’ont pas voulu entendre. On a fait de l’autisme face à cette réalité qui est était en train de monter", déplore celui qui fut en poste entre 1999 et 2015 dans des quartiers difficiles de Marseille.   

"Endoctrinement". "On le sait. Le comportement de refuser un certaine nombre de principes de laïcité se manifeste de plus en plus tôt", poursuit l’ancien chef d’établissement. " On a des témoignages d’enfants de cinq ans qui refusent  par exemple qu’une instit’ leur lise les trois petits cochons parce qu’elle n’a pas le droit. Il faut se poser une question, il y a un constat."

Selon Bernard Ravet, "ce phénomène vient qu’aujourd’hui nous avons un endoctrinement. Je n’ai pas peur des mots". L’ancien proviseur prévient tout de même rapidement qu’"il ne faut pas tout mélanger. Je ne parle pas de l’islam en général", explique-t-il. "Mais on connaît très bien certaines mosquées salafistes, qui endoctrinent les enfants dès l’âge de cinq ans."

"Il faut monter une croisade". L’homme cite un exemple : "Quand on entend les propos de l’imam de Brest, qui dit à des enfants de cinq ans, qu’écouter de la musique, ça va les rendre singes ou cochons (dans une vidéo datant de 2015, ndlr), imaginez-vous le dilemme, le conflit de loyauté que cet enfant va avoir entre ce qui est dit à la mosquée, ce qui est repris dans les familles et ce qui est dit à l’école de la République", prévient-il. "Il faut monter une croisade, non pas contre l’islam mais contre l’incapacité qu’a notre système juridique de faire cesser ce genre de pratique. Parce que ce  serait dans un pays totalitaire, tout le monde manifesterait, signerait des pétitions. Or c’est ici et maintenant, en France."

"Je lance un cri d’alerte", s’inquiète Bernard Ravet. "Aujourd’hui, il faut que les parlementaires s’emparent de ça. Il y a la loi de 1905, mais il y a un problème sur les enseignements religieux, en dehors de la classe. Ce qu’on appelle école coranique, comme il y a des catéchismes. Il faut que la loi évolue, il faut qu’il y ait un contrôle de ce qui est dit".