Comment mieux prendre en charge la souffrance psychologique après une “fausse-couche” ?

La fausse couche toucherait au moins une femme sur 10.
La fausse couche toucherait au moins une femme sur 10. © AFP
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Virginie Riva, édité par Guilhem Dedoyard
On estime que les fausses couches concernent une femme sur dix. Pourtant, le sujet est encore très tabou et aucun accompagnement spécifique n'est prévu en France. Alors que la Nouvelle-Zélande a adopté un congé spécifique, certaines voix militent pour une plus grande reconnaissance du deuil "périnatal" dans l'Hexagone.

La fausse couche est encore un sujet tabou. Michelle Obama a évoqué cette épreuve dans ses mémoires, Meghan Markle dans une interview au New York Times en novembre dernier, mais le sujet reste encore largement passé sous silence pour la majorité des femmes, en France notamment. Cet épisode très douloureux, dur à raconter, est particulièrement tu face aux employeurs. Certaines voix s'élèvent toutefois pour demander un meilleur accompagnement de la souffrance psychologique de ce traumatisme. Il est pour l'heure quasi-inexistant dans l'Hexagone; alors qu'on estime qu'une femme sur dix a connu une fausse couche.

Pas d'accompagnement spécifique pour le deuil "périnatal" 

Mathilde Lemiesle a vécu quatre fausses couches en deux ans avant d'avoir sa fille. Elle a depuis créé un compte Instagram, "Mes presques riens" pour libérer la parole. "Je pleurais tout le temps matin, midi et soir, la nuit. J'ai demandé au bout de la troisième [fois] si je pouvais avoir un suivi psy. On ne m'en a jamais proposé, à aucun moment", raconte-t-elle. Elle rencontre finalement un professionnel, mais celui-ci ne l'aide pas. "Le psy que j'ai rencontré m'a dit que finalement, il ne s'occupait que des personnes dont la grossesse s'arrêtait après 22 semaines", explique Mathilde Lemielse.

"Du point de vue de l'entourage, le discours est plutôt de dire 'C'est pas grave, il y en aura un autre'. Et donc, de minimiser. En fait, il ne reste aucune place pour vivre vraiment son deuil", juge la trentenaire. Elle milite pour une vraie reconnaissance du "deuil périnatal", avec l'accompagnement adéquat. En France, il est possible de bénéficier d'un arrêt maladie, mais un congé spécifique, comme en Nouvelle-Zélande, n'est pas à l'étude. Les femmes viennent d’y obtenir un congé de trois jours après une fausse couche ou l’accouchement d’un bébé mort-né. L'entourage d'Adrien Taquet, secrétaire d'Etat aux Familles, a conscience qu'il faut lever le tabou, mais en même temps qu'il faut préserver l'intimité de celles qui ne voudraient pas en parler à leur employeur.