Comment les familles des sous-mariniers communiquent-elles avec l'équipage ?

Une fois immergés, les sous-mariniers ne peuvent pas communiquer avec leurs familles.
Une fois immergés, les sous-mariniers ne peuvent pas communiquer avec leurs familles. © MYCHELE DANIAU / AFP
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Thibaud Le Meneec
La sortie du film "Kursk" rappelle l'épisode tragique vécu par ces sous-mariniers russes et leurs familles, en 2000, qui ne pouvaient pas recevoir de nouvelles de l'équipage touché.
LE TOUR DE LA QUESTION

Vingt-trois marins bloqués à 100 mètres de profondeur sous la mer, piégés par une mort inéluctable : à l'affiche depuis mercredi, le film Kursk retrace les derniers jours des membres de l'équipage de ce sous-marin torpillé en août 2000 en mer de Barents, au large de la Russie. Il raconte aussi cette communication impossible entre les sous-mariniers et l'extérieur, déjà difficile en temps normal, comme l'ont expliqué les spécialistes dans Le Tour de la question jeudi, sur Europe 1.

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Quarante mots maximum… dans un seul sens. Comment font les familles de sous-mariniers pour communiquer avec l'extérieur ? Premier élément : "Nous ne communiquons pas avec nos familles, parce que si un sous-marin communique, il devient indiscret", observe François Dupont, amiral et sous-marinier de 1971 à 1995. "En revanche, nos familles ont droit à des familygram, contraction de famille et télégramme, 40 mots qui sont lus par une dizaine de personnes avant d'être transmises au sous-marin" pour être sûr qu'on ne transmet pas une information sensible ou personnelle."

"Des choses très vagues". Charles Villeneuve, grande voix d'Europe 1 et spécialiste des questions de défense, a lu à l'antenne un de ces familygram envoyés par ces familles : "Joyeux anniversaire mon amour. Romain fait de la pelleteuse avec son parrain, du tracteur avec grand-père, heureux comme un prince. Alice dessine sur les murs. Quelle artiste ! Tu lui manques beaucoup. Bonne-Maman les trouve très sages."

"Quand ça arrive à bord, c'est plutôt la météo, des choses très vagues", abonde François Dupont, qui explique que ces mots sont transmis "par les ondes dites basse fréquence" : "On peut recevoir ces ondes, mais on ne peut pas émettre vers la terre avec ces ondes, c'est trop compliqué."

Sans nouvelles pendant plus de deux mois. Reste qu'avec un familygram reçu par les sous-mariniers, qui ne peuvent pas envoyer de messages durant leurs 70 jours de mission, la vie reste "hors normes pour l'équipage, mais surtout pour nos familles, qui restent à Brest, sans le soutien des conjoints", rappelle le spécialiste. "C'est très difficile parfois pour nous, car on est sans nouvelles quand il est en mission", confirme Isabelle, auditrice, dont le fils de 24 ans est sous-marinier depuis ses 19 ans, entre impuissance et fierté devant la tâche de son enfant, "engagé pour son pays".