Colette a vécu un accouchement difficile après un mauvais diagnostic : "Mon enfant a failli mourir"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
En 1973, Colette a vécu à l'hôpital un accouchement traumatisant qui a failli coûter la vie à son enfant à cause d’une erreur médicale. Au micro d’Olivier Delacroix, dans la Libre antenne d’Europe 1, Colette défend la possibilité d’accoucher à la maison.
TÉMOIGNAGE

Colette a accouché de son premier enfant en 1973. Une naissance difficile, qui a failli coûter la vie à son enfant à cause d’une erreur médicale. Alors qu’elle avait perdu les eaux, on a donné à Colette un traitement pour retarder l’accouchement car elle était à trois semaines du terme. Elle a malgré tout accouché, alors que le travail était empêché par le traitement qu’on lui avait administré. Traumatisée par cet événement, Colette défend le droit d’accoucher chez soi, au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1.

"Maintenant, il y a une pression pour qu'il n’y ait plus d'accouchements à la maison. Moi, j’ai accouché en 1973. J'avais une confiance totale en l’hôpital quand j'ai accouché de mon premier enfant. Je garde de cet accouchement un souvenir horrible. Ça a bien failli coûter la vie à mon enfant. Je comprends très bien que ce soit beaucoup plus sécurisant d’accoucher à l’hôpital. Si ça se passe mal ou s’il y a un problème, il y a tout ce qu'il faut pour le résoudre. Mais, il ne faut pas dire que tout accouchement à la maison présente un danger.

" Il est né cyanosé "

Quand j'étais à l'hôpital, mon enfant a failli mourir. Il est né cyanosé. C’en était arrivé là parce que j'avais perdu les eaux, mais l’interne qui m'a examinée a dit que l’enfant était petit et que j’étais à trois semaines d'avance sur le terme. Il a décidé de me donner un traitement pour que l'enfant profite encore pendant huit jours et prenne du poids. On m'a donné le traitement le matin, mais j’ai eu des douleurs dans la soirée. Ça s'est accéléré, donc l'interne du soir a dit qu’il fallait faire l'accouchement. 

Le travail ne se faisait pas. L’enfant butait, se tordait, mais ne sortait pas, parce que le travail avait été empêché par le traitement. En essayant tellement de sortir, il avait dû remuer et le cordon faisait un nœud. Quand l'enfant est né, il pesait quand même 3,5 kilos. Donc l’interne qui avait posé ce diagnostic avait fait une erreur. Si on m'avait laissé accoucher naturellement, sans me faire un traitement pour empêcher l’accouchement, ça aurait été mieux pour l'enfant et pour moi. 

" Accoucher à la maison, c'est un choix qu'on doit laisser "

C'est vrai que l'hôpital apporte une sécurité et une diversité de soins et de surveillance. C’est d’ailleurs pour ça que je m'étais inscrite à l'hôpital. À l'époque, j'étais scientifique, j'étais chercheuse. Donc, j'étais à fond pour l'hôpital. Avec du recul, je trouve qu'il ne faut pas tout systématiser. Dans certains cas, si tout se présente vraiment bien et que l'on n’est pas très loin d’un hôpital, il faut peut-être laisser la liberté d’accoucher à la maison. La sécurité à 100% n'existe pas, mais il ne faut pas décider pour tout le monde que c'est dangereux d'accoucher à la maison. 

Ce n'est pas une maladie l'accouchement, c'est naturel. Il y a un confort psychologique à être en famille. Si tous les examens préliminaires ont bien été faits et si la sage-femme est expérimentée, pourquoi pas. Accoucher à la maison, c'est un choix qu'on doit laisser. J'imagine qu’il y a un dialogue avec la sage-femme qui est seule avec vous, qui s'occupe bien de vous. À l'hôpital, il y avait trois femmes qui accouchaient en même temps. Je pense qu’il y a un confort à être avec une sage-femme qui est là pour vous seule.

À l'hôpital, on est un numéro, on n'explique pas comment vont les choses, on ne vous demande pas votre avis. Moi, quand on m'a dit d’attendre huit jours pour que l'enfant profite au plus et soit un peu plus costaud, on ne m'a pas demandé si j’étais d'accord. Je n'ai pas pu discuter, alors que moi, je sentais bien qu'il n'était pas si petit que ça. Il y a des femmes qui ne prennent pas tellement de poids et qui ont des enfants tout à fait normaux. C'était mon cas, il pesait 3,5 kilos. C’était un bel enfant. 

Beaucoup de choses ont évolué. À l'époque, les papas n'étaient pas autorisés à assister à l'accouchement. En 1973, on ne prenait pas les enfants comme on voulait, ils étaient derrière une vitre. On n’avait pas le droit de les prendre, sauf aux heures des tétées. Ça a évolué, heureusement. Je me souviens, je me disais : ‘Vivement que je rentre à la maison.’ C’était dans un hôpital parisien qui était soi-disant une très bonne maternité. "