Jean-Marc Jancovici, membre du Haut conseil pour le climat, était l'invité d'Europe Midi lundi. 1:45
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Romain David
Invité lundi d'Europe Midi, Jean-Marc Jancovici, membre du Haut conseil pour le climat, a estimé que la politique économique du gouvernement contredisait les objectifs affichés en matière de lutte contre le réchauffement climatique, notamment en l'absence de solutions pérennes pour combiner croissance et écologie.
INTERVIEW

Les mesures préconisées par la Convention citoyenne sur le climat trouveront-elles une transcription législative qui ménage à la fois les revendications des écologistes et les inquiétudes quant à la croissance économique ? Au micro d’Europe 1 lundi matin, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a assuré que 40% des propositions faites figureraient dans le projet de loi Climat, alors que les arbitrages doivent être rendus cette semaine. "J’attends une mise en cohérence de l'Etat, entre ce qu'il dit vouloir faire sur la partie climat et ce qu'il fait dans les autres domaines", déclare pour sa part au micro d’Europe Midi Jean-Marc Jancovici, membre du Haut conseil pour le climat.

"Je ne suis pas sûr, malheureusement, que la loi issue des travaux de la Convention citoyenne va amener le gouvernement à résoudre ses propres contradictions", estime néanmoins ce spécialiste de l’énergie et du climat.

Peu de solutions globales face au problème climatique et environnemental

À ses yeux, la plupart des solutions mises en œuvre par le gouvernement pour tenter de répondre aux enjeux environnementaux soulèvent autant de problèmes qu’elles en résolvent. Il cite notamment la construction de logements neufs pour lutter contre les passoires thermiques. "Faut-il continuer à construire du neuf, sachant que le neuf individuel c’est de l’étalement urbain ? Faut-il continuer à faire des zones commerciales en périphérie urbaine ?", Interroge Jean-Marc Jancovici. "Si le neuf est performant, il ne traite pas tous les problèmes."

Il cite également l’exemple de l’hydrogène, filière dans laquelle le gouvernement entend injecter sept milliards sur dix ans, alors que sa fabrication dépend encore très largement à l’heure actuelle des énergies fossiles.

"On ne sait toujours pas inventer la croissance décarbonée"

"On cherche à faire exactement l'inverse de ce que l’on dit vouloir faire", poursuit-il, citant encore le plan de relance du secteur aérien, dont le trafic a été fortement impacté par la crise sanitaire, "et que l’on a du mal à rendre compatible avec une baisse forte des émissions de CO2." L’écotaxe recommandée par la Convention citoyenne sur le transport aérien devrait d’ailleurs être repoussée à 2024.

"Aujourd’hui, on ne sait toujours pas inventer la croissance décarbonée", résume notre spécialiste. "Faire croître l’économie, c’est faire croître le nombre de machines qui travaillent pour nous, mais faire diminuer les émissions de CO2 de ces machines, personne ne sait le faire !", déplore Jean-Marc Jancovici.