La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, assure que l'écotaxe sur le transport aérien sera remise sur la table avec la reprise d'un trafic normal. 1:40
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Romain David , modifié à
La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, était l'invitée politique d'Europe Matin lundi. Elle a assuré que l'écotaxe sur le transport aérien, reportée en raison des conséquences économiques de la crise sanitaire sur l'aviation, ne serait pas abandonnée.
INTERVIEW

Une semaine cruciale s’ouvre pour le gouvernement, avec les arbitrages autour des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. De nombreux militants écologistes, comme le réalisateur Cyril Dion, appellent le président de la République à ne pas amoindrir les mesures énoncées fin juin par les 150 citoyens tirés au sort pour tenter de conjuguer justice sociale et objectif de baisse des gaz à effet de serre. Dans la foulée, Emmanuel Macron avait indiqué qu'au moins trois propositions ne seraient pas retenues par l'exécutif. Désormais, la crise économique déclenchée par le Covid-19 laisse planer de nombreuses interrogations sur l’ampleur de cet élagage. Ainsi, l’écotaxe sur le transport aérien dont la mise en place pourrait être repoussée à 2024, lors de la reprise du trafic normal dans ce secteur.

"Non, ça ne sera pas abandonné", a promis lundi la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui était l'invitée d'Europe Matin. "Pour baisser les émissions du secteur aérien, l’un des outils était cette taxe qui permet d’avoir 'un signal prix', indiquant quand il est préférable de prendre le train", détaille la ministre. "Mais cette taxe a peut être moins d'intérêt maintenant", souligne-t-elle, alors que le trafic aérien, touché de plein fouet par les restrictions sanitaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19, a brutalement chuté cette année.

Un secteur aérien pénalisé jusqu'en 2024

"Quand le trafic va remonter, le principe sera remis sur la table et inscrit dans le texte de loi", assure Barbara Pompili. De son côté, l’Association internationale du transport aérien, qui représente 290 compagnies aériennes à travers le monde, considère dans une estimation réalisée en août, avant la seconde vague de confinements en Europe, que le trafic aérien du continent ne retrouvera pas son niveau de 2019 avant 2024. 

Pour autant, Barbara Pompili assure qu'il ne s'agit pas de matraquer le secteur aérien une fois qu'il sera sorti de cette zone de turbulences. Une étude d’impact présentée par la Direction générale de l'aviation civile estime en effet qu'une écocontribution de 4,2 milliards - comme proposé - entraînerait la suppression de 120.000 à 150.000 emplois et une chute du trafic aérien de l’ordre de 20%, sur la base des chiffres de 2019. "Aujourd’hui on aide aussi le secteur aérien à évoluer, à utiliser de nouveaux carburants, à s’orienter vers l’hydrogène et pourquoi pas vers l’électrique", pointe la ministre.

"Il y a évidemment des défenses sectorielles, des gens qui ne veulent rien bouger. Ce qu’il faut, c’est emmener tout le monde, ne laisser personne au bord du chemin. Mais cette réforme (issue des propositions de la Convention citoyenne, ndlr) il faut la faire", a encore déclaré Barbara Pompili.