Depuis la rentrée du 3 mai, certains collégiens sont contraints de suivre une partie de leurs cours à distance. (Image d'illustration) 1:22
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Virginie Riva avec AFP
Dans les 15 départements les plus touchés par l'épidémie de coronavirus, les cours se font en demi-jauge depuis la rentrée du 3 mai pour les classes de quatrième et troisième. Mais certaines directions remettent en cause l'impact sanitaire de ce dispositif, et pointent un risque de décrochage.

Dans certains collèges, les chefs d'établissement demandent le retour des classes entières au lieu des demi-jauges mises en place en classes de quatrième et troisième dans 15 départements. "On sent bien qu'il y a une demande des équipes de direction des collèges de pouvoir récupérer, si possible, tous leurs élèves en jauge pleine le plus rapidement possible", explique à Europe 1 Philippe Vincent, le secrétaire général du SNPDEN (le Syndicat National des Personnels de Direction de l'Education National). "Les collègues considèrent que le système en demi-jauges ne marque pas de vraies différences au plan sanitaire", ajoute-t-il.

Après deux semaines d'enseignement à distance, entrecoupées de deux semaines de congés, les lycéens ont fait leur rentrée en demi-jauge le 3 mai, avec une alternance de classes en présentiel et distanciel. Pour les collèges, la reprise s'est effectuée en présentiel, sauf pour les élèves de 4e et 3e des quinze départements les plus touchés par la pandémie de Covid-19, également contraints à la demi-jauge. C'est-à-dire : le Nord, la Sarthe, la Seine-et-Marne, Paris, les Hauts-de-Seine, le Val-d'Oise, le Val-de-Marne, l'Oise, la Seine-Saint-Denis, les Yvelines, l'Essonne, le Rhône, les Bouches-du-Rhône, la Loire et l'Aisne.

"On accroît malheureusement un phénomène de décrochage"

"D'une manière générale, on a plutôt un phénomène de décrochage des élèves", alerte Philippe Vincent. "On voit bien qu'ils ont vraiment perdu l'habitude de venir dans l'établissement, et qu'ils perdent aussi les activités pédagogiques, comme le travail scolaire de rendu de devoirs qui va avec", pointe-t-il. "Dans un certain nombre de zones où l'on a des établissements plus ou moins compliqués d'éducation prioritaire ou d'éducation prioritaire renforcée, on accroît malheureusement un phénomène de décrochage qui était déjà un peu naturel", déplore encore ce syndicaliste.

Fin avril, Myriam Menez, présidente de la fédération de parents d'élèves de l'enseignement public (Peep) du Val-de-Marne, s'inquiétait au micro d'Europe 1 de la difficulté à assurer un suivi scolaire en demi-jauge chez des élèves aussi jeunes, et donc moins autonomes que les lycéens. "Sachant qu'il s'agit d'enfants plus jeunes, cela veut dire que bien souvent il faudra rester avec eux, qu'on ne pourra pas les laisser à la maison seuls", avait-elle déclaré, estimant qu'il s'agissait-là, pour de nombreux parents, d'une situation "réellement ingérable".