Cavale de Redoine Faïd : "Il a rebasculé dans une forme d'addiction, comme un alcoolique"

Le braqueur s'est échappé de la prison de Réau, en Seine-et-Marne, le 1er juillet.
Le braqueur s'est échappé de la prison de Réau, en Seine-et-Marne, le 1er juillet. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
  • Copié
Thibaud Le Meneec
Pour Pierre Fourniaud, qui a publié l'autobiographie du braqueur, Redoine Faïd "mélange de manière assez vertigineuse la fiction et le réel et se prend lui-même pour un héros de film".

Vingt-quatre jours après son évasion, l'homme le plus recherché de France a échappé mardi aux gendarmes, au terme d'une course-poursuite à Sarcelles, dans le Val-d'Oise. Cet homme, c'est Redoine Faïd, 46 ans, dont la moitié derrière les barreaux. Et un "mélange de mégalomanie, d'adrénaline de l'action, de refus de toute autorité et d'un caractère absolument incroyable", selon Pierre Fourniaud, qui avait publié son autobiographie en 2010 (Braqueur : des cités au grand banditisme aux éditions La Manufacture de livres).

Une fin inéluctable ? Si le criminel français se réfugiait en Israël dans les années 1990, c'est désormais en Île-de-France qu'il est en cavale après son évasion de la prison de Réau, en Seine-et-Marne, le 1er juillet. "Aujourd'hui, compte tenu des techniques, il est difficile voire impossible de passer des frontières aussi facilement, surtout pour se rendre dans un pays aussi sensible" que l'État hébreu, explique l'éditeur dans Europe Soir.

Entendu sur europe1 :
Compte tenu de son degré de dangerosité et le fait qu'il soit devenu l'ennemi public numéro un, on attend inéluctablement qu'il se fasse capturer

La région francilienne, une zone "qu'il connait bien" et où il est "particulièrement anonyme". Mais après sa capture ratée, mardi, l'étau se resserre sur lui et ses trois complices. "Compte tenu de son degré de dangerosité et le fait qu'il soit devenu l'ennemi public numéro un, on attend inéluctablement qu'il se fasse capturer", estime Pierre Fourniaud.

Fasciné par la culture des voyous. Nul doute, donc, que le célèbre braqueur sait qu'il finira donc une nouvelle fois derrière les barreaux. Peut-être même que la mort sera au bout de cette cavale : "Toute la culture des voyous l'a toujours fasciné depuis son plus jeune âge. Il mélange de manière assez vertigineuse la fiction et le réel et se prend lui-même pour un héros de film, comme Robert De Niro dans Heat". Dans ce film de Michael Mann, cinéaste qui l'a inspiré, le truand Neil McCauley meurt à la fin.

On pensait pourtant le natif de Creil débarrassé du grand banditisme. "Mes démons sont complètement morts", disait-il même en 2010, au moment de raconter au grand public son passé de braqueur. Pierre Fourniaud : "Faïd était reconverti et écumait alors les plateaux de télévision. Il a rebasculé dans une forme d'addiction, comme un alcoolique qui va reprendre une bouteille sans qu'on puisse comprendre ses réelles motivations."