Le 5 mai 1992, au stade Armand-Cesari, plus de 3.000 supporters sont projetés dans le vide. 1:57
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Zoé Pallier (à Bastia), édité par Laura Laplaud , modifié à
Le 5 mai 1992, le SC Bastia devait affronter l'Olympique de Marseille en demi-finale de la Coupe de France de football à Furiani. Pour l'occasion, les dirigeants du club corse décident de tripler les capacités d'accueil du stade et une nouvelle tribune provisoire est construite à la hâte. Sauf qu'une partie s'effondre juste avant le coup d'envoi.

C'était il y a trente ans jour pour jour. Le 5 mai 1992, le SC Bastia devait affronter l'Olympique de Marseille en demi-finale de la Coupe de France de football à Furiani. Un match très attendu. Pour l'occasion, les dirigeants du club corse décident de tripler les capacités d'accueil du stade. Une nouvelle tribune provisoire est construite à la hâte. Sauf qu'une partie s'effondre juste avant le coup d'envoi. Plus de 3.000 supporters sont alors projetés dans le vide, faisant 18 morts et plus de 2.000 blessés. Trois décennies plus tard, les survivants et les familles de victimes perpétuent la mémoire de cette catastrophe.

Un drame familial et collectif

"Sur cette pierre de marbre noir, le troisième nom est celui de ma sœur", décrit Corinne en lisant "Marie-Pierre". Ce prénom, elle l'a crié pendant de longues minutes le 5 mai 1992 avant de découvrir sa sœur sous un enchevêtrement de ferrailles et de poutres, face contre terre.

À quelques mètres seulement, une croix enveloppée d'écharpes multicolores de supporters sert désormais de monument. "Tout ça a trente ans, ça n'a jamais été ni déplacé, ni touché", précise-t-elle. "Ça reste en l'état et c'est important pour nous parce que c'est toujours la même chose, le temps n'apaise rien."

Un devoir de mémoire

Un drame familial et collectif, estime Jean-Luc, venu se recueillir devant la stèle exposée aux clameurs qui s'échappent du stade. "C'est un devoir de mémoire. Et puis bon, on aime notre club, le SC Bastia, et ça fait partie de son histoire. Ce n'est pas la meilleure, mais ça fait partie de son histoire aussi."

"J'étais tout en haut, j'ai fait 17 mètres de chute", raconte Paul. "C'est mon corps qui s'en souvient", soupire-t-il. Trente ans qu'il ne peut plus bouger ses jambes et qu'il va d'hôpital en hôpital en fauteuil roulant. "C'est important de venir, de ne pas oublier cette date." Un sourire illumine pourtant le visage de Paul quand des dizaines d'enfants s'approchent de lui tour à tour, car c'est le but des victimes et de leur famille : cultiver la mémoire de Furiani pour ceux qui n'ont pas vécu le 5 mai 1992.