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avec AFP
Jean Castex s'est rendu jeudi soir en maraude dans les rues de Paris aux côtés d'une équipe du Samu Social, afin de proposer des places d'hébergement aux sans-abris qui, pour certains et malgré le froid glacial, ont décliné.

Jean Castex s'est rendu jeudi soir en maraude dans les rues de Paris aux côtés d'une équipe du Samu Social, afin de proposer des places d'hébergement aux sans-abris qui, pour certains et malgré le froid glacial, ont décliné. "On ouvre des places d'hébergement supplémentaires... mais encore faut-il qu'ils veuillent y aller", résume auprès de l'AFP le Premier ministre.

Emmitouflé dans un manteau noir, bonnet gris sur la tête chipé à la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, Jean Castex trépigne pour tenter d'atténuer la morsure du gel qui saisit depuis plusieurs jours la capitale, au point de déclarer le "plan grand froid" dans plusieurs départements. Sous l'abribus desservi par la ligne 80, un monsieur transi et recroquevillé, valise à roulettes et béquilles à ses côtés, vient d'accepter une place au chaud dans un hôtel. "Enfin un !", s'exclame Jean Castex. Auparavant, celui-ci a essuyé deux refus. D'abord ces deux jeunes hommes allongés au pied du magasin "Le Bon marché", à quelques enjambées de Matignon. Duvet bleu tiré jusqu'au menton, ils disent oui à la soupe fumante, mais déclinent l'hébergement d'urgence.

"Toute cette nuit, le froid va encore se renforcer", plaide Jean Castex. Mais eux préfèreraient une situation "stable", espèrent trouver "un travail et un toit", et après quelques minutes de palabres, laissent la fourgonnette blanche estampillée Samu social s'éloigner.

"Ce sont souvent des gens abîmés, parfois la réponse qu'on leur propose n'est pas celle qu'ils souhaitent"

Un peu plus loin, toujours dans ce 7e arrondissement si cossu, un homme s'épanche auprès de Jean Castex dans une logorrhée sans queue ni tête. Alors que le thermomètre indique 0°C, et qu'un vent du Nord s'engouffre par bourrasques dans les avenues vides, le sans-abri se contentera de nouilles chinoises fumantes, d'un manteau et d'un sac de couchage neufs. "C'est toute la difficulté", souffle auprès de l'AFP Emmanuelle Wargon. "Ce sont souvent des gens abîmés, parfois la réponse qu'on leur propose n'est pas celle qu'ils souhaitent. Et a un moment peut-être que c'est trop épuisant de faire des aller-retours" entre la rue et les foyers, souligne-t-elle.

Selon Emmanuelle Wargon, 614 places supplémentaires ont été ouvertes à Paris cette semaine mais seulement 522 étaient occupées mercredi soir. Des places restent effectivement non pourvues, comme dans cet hôtel Ibis de Gentilly, en bordure de périphérique, où l'homme de l'abribus est finalement conduit. Quarante chambres y sont ouvertes pour l'hébergement d'urgence, mais seulement 30 étaient occupées à 23H00. Les équipes du Samu social vont donc tourner une bonne partie de la nuit pour les remplir. "Mais un des risques avec le grand froid ce sont les invisibles, les gens qui n'appellent jamais", rappelle Alain Christnacht, président du Samu Social.