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Benjamin Peter, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Pour protéger les fonds marins, la ville d'Agde a décidé de créer une réserve naturelle marine de 300 hectares en 2020. Mais pour préserver l'activité touristique et économique, un récif artificiel entièrement réalisé en béton par imprimante 3D va être immergé d'ici à la fin du mois de juin, pour déporter l'activité des plongeurs dans un environnement moins fragile.

L'édifice installé sur le port de Sète dans l'Hérault est impressionnant. 105 tonnes, 7 m de haut avec au sommet un dôme par lequel les plongeurs pourront accéder à l'intérieur de la structure. "On nous a dit que ça ressemblait un peu à un temple ou une cathédrale", s'en amuse Renaud Dupuy de la Grandrive, le directeur du milieu marin à la ville d'Agde, au micro d'Europe 1. "Il faut s'imaginer en plongée à 20 m de fond. On lèvera la tête et ce sera encore plus impressionnant. Les plongeurs vont pouvoir circuler dans ce dédale de petites niches".

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Crédits : Benjamin Peter/Europe 1

Une réserve naturelle où plus aucune activité n'est autorisée

Ils se sont aperçus qu'une partie de l'aire marine protégée de la côte agathoise, qui s'étend sur 6.000 hectares au large du Cap, présentait quelques signes de dégradation. Alors, il y a deux ans, la ville a décidé de créer une réserve naturelle de 300 hectares où plus aucune activité n'est autorisée. "Il y avait des endroits avec des sites naturels impactés par l'activité, par les ancres de bateaux et par l'activité de plongée sous-marine, parce que ces récifs coraliens sont très fragiles", explique-t-il.

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"Ce fameux coralligène pousse de quelques millimètres par an et quand on le casse, ce sont des centaines d'années qu'on met en l'air. On a discuté avec les clubs de plongée et on a créé la réserve marine du Roc de Brescou, où on a plus le droit de rien faire, sauf naviguer", poursuit Renaud Dupuy. "Mais en compensation, on a conçu ce projet pour leur réaliser un village de récifs artificiels."

Des récifs réalisés à l'aide d'une gigantesque imprimante 3D béton

En tout, sur près d'1 km², il y aura une dizaine de récifs tous pensés par la société Seaboost à Montpellier. Ils ont été réalisés par une gigantesque imprimante 3D béton. De près, on aperçoit les couches de béton bas carbone qui créent comme un crénelage, ce qui devrait permettre le développement d'un écosystème. "C'est tout rainuré, il va y avoir de la biodiversité. Il va y avoir du concrétionnement, donc des mollusques, des algues qui vont se coller à tout cela", précise Renaud Dupuy de la Grandrive.

"Aussi des petits poissons qui vont vivre dans les petites caches qu'on a créées, et des plus gros qui vont circuler, parce qu'il va y avoir la place de laisser passer le courant", détaille-t-il. "On s'attend à avoir des pélagiques y compris des espèces plus rares comme le mérou dont on pense que certains éléments de ce récif peuvent être favorables à son installation permanente".

Dans quelques jours, le récif sera embarqué à bord d'une immense barge qui va le conduire du port de Sète jusqu'au large du Cap d'Agde où il sera immergé à l'aide d'une grue, puis solidement vissé dans le sol sablonneux. Les plongeurs devraient pouvoir l'explorer dès cet été.