Les contrôles des cantines scolaires, à la charge des mairies, ne sont pas toujours très réguliers (Photo d'illustration). 2:56
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Victor Dhollande, édité par Jonathan Grelier , modifié à
Dans le 18ème arrondissement de Paris, des parents d'élèves ont décidé de porter plainte pour "tentative de tromperie" contre le prestataire en charge des cantines scolaires de leurs enfants, après avoir découvert de la viande allemande dans les poubelles de l'établissement, censé n'en servir que de la française. Un cas qui interroge, alors que les contrôles effectués par les mairies peuvent parfois être insuffisants.
ENQUÊTE

Certaines cantines scolaires servent-elles des produits bien différents de ceux annoncés dans les menus ? La question se pose alors que des parents d’élèves ont découvert des emballages de sauté de veau allemand dans les poubelles de la cuisine où sont préparés les repas de leurs enfants, il y a une dizaine de jours dans le 18ème arrondissement de Paris. Problème : le cahier des charges y indique que la viande doit être 100% française, label rouge ou bio. La viande allemande n’a finalement pas été servie aux enfants, mais les parents ont quand même décidé de porter plainte pour tentative de tromperie contre la Sogeres, le prestataire engagé par la mairie du 18ème arrondissement. Selon les informations d'Europe 1, une vingtaine de parents sont déjà engagés dans la procédure et plus de 60 autres devraient leur emboîter le pas dans les prochains jours.

"Ça fait des années qu'on leur explique que c'est le cas"

Cela fait des années que les parents alertent la mairie, qui doit en théorie contrôler le travail du prestataire. Pour les parents d'élèves, l'épisode de la viande allemande est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. "On les a alertés sur la nécessité de renforcer les contrôles. Ils ont fait appel à un cabinet de conseil qui était censé contrôler le prestataire, qui n'effectue qu'un contrôle par mois dans les cuisines centrales. Comment ça peut être suffisant ? La preuve : on fait un contrôle inopiné des poubelles et on montre qu'il y a tromperie", s'exaspère Marie, une parente d’élève.

Elle ne comprend pas que "la municipalité semble tomber des nues" et "demande des comptes à son prestataire" alors que "ça fait des années qu'on leur explique que c'est le cas". Dans le 18ème arrondissement, depuis la découverte des parents, la Sogeres ne sort plus ses poubelles sur le trottoir, mais attend plutôt que le camion des éboueurs soit juste devant la porte pour sortir ses déchets.

Des craintes concernant le poids des aliments

Ce cas pourrait ne pas être isolé. L’année dernière en Île-de-France, des vis et du métal ont ainsi été retrouvés dans des purées servies à des enfants en crèche, provoquant un scandale. Outre des tromperies sur l’origine, comme à Paris, le poids des aliments servis est aussi facilement manipulable. Concrètement, quand un cahier des charges indique qu’il faut 60 grammes de viande par enfant, les prestataires sont susceptibles d'en livrer seulement 53 par portion et de récupérer ainsi sept grammes. Multiplié par des milliers de repas, les marges peuvent être énormes.

D'autant plus que les contrôles, à la charge des mairies, peuvent parfois se révéler trop aléatoires. Sandra Franrenet, auteur du Livre noir des cantines scolaires explique ainsi que certains fournisseurs profitent de cette brèche : "Prenons un exemple : si le cahier des charges stipule que la viande qui doit être servie doit être uniquement française et label rouge mais que derrière [la mairie] ne va pas vérifier les bordereaux, qu'elle ne va pas se rendre sur place, le prestataire il fait ce qu'il veut... Il achète ce qu'il veut !"

Pour vérifier ce que mangent leurs enfants, les parents d'élèves peuvent toujours déjeuner à la cantine, un droit dont ils peuvent se saisir. En se faisant élire comme parent d'élève, il existe aussi la possibilité de demander les fiches techniques de chaque produit servi dans les cantines. Ces fiches donnent des informations sur les matières grasses, les calories ou encore l'origine de tous les aliments.