Bébés secoués : comment les assistantes maternelles sont-elles agréées ?

Environ 200 syndromes du bébé secoué sont recensés en France chaque année (photo d'illustration).
Environ 200 syndromes du bébé secoué sont recensés en France chaque année (photo d'illustration). © LOIC VENANCE / AFP
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Une nourrice de Créteil, agréée par la protection maternelle et infantile, vient de reconnaître avoir secoué une petite fille de six mois, morte des suites de ses lésions.

Les aveux de l'assistante maternelle sont venus confirmer le terrible diagnostic des médecins, cette semaine. Rose, six mois, décédée début juin d'un hématome intracrânien, a succombé au syndrome dit du "bébé secoué" à Créteil, dans le Val-de-Marne. La nourrice de la petite fille, âgée de 35 ans, a reconnu les faits tandis que son avocat évoquait sa personnalité "fragile" : "il y avait des choses qu'elle n'avait pas réglées chez elle". La jeune femme disposait cependant d'un agrément de la protection maternelle et infantile et exerçait son métier depuis plusieurs années.

"Un état de fragilité psychologique". Pour obtenir cet agrément, les candidats doivent remplir différents critères définis par le Code de l'action sociale et des familles (CASF), comme le rappelle un référentiel publié au début des années 2010. L'administration examine notamment "leur réelle disponibilité de temps et d'esprit" et exige de se voir remettre un extrait de casier judiciaire. "Le candidat doit passer un examen médical qui a pour objet de vérifier que son état de santé lui permet d'accueillir habituellement des mineurs", précise la loi. "Une attention sera portée notamment (...) à un état de fragilité psychologique, y compris conjoncturelle, peu propice à une attention suffisante aux enfants accueillis (...)."

"Nous sommes tous très choqués par ce qui s'est passé", a réagi la direction de la protection maternelle et infantile auprès du Parisien après la mort de Rose. "Nous allons au domicile des assistantes maternelles, nous vérifions l'hygiène, la sécurité… Comme quoi, il n'y a hélas pas de risque zéro."

"Un geste volontaire de l'adulte". Quant au syndrome du bébé secoué, les services de protection de l'enfance de chaque départements sont chargés d'effectuer des actions de prévention depuis plusieurs années. Dans le Val-de-Marne, suite au décès d'un enfant, une campagne spécifique a été mise en place en 2016, selon le site du Conseil Départemental. Une exposition en plusieurs panneaux, circulant dans le département, présentait notamment un poupon au crâne transparent pour comprendre les zones touchées. "C'est souvent un geste volontaire de l'adulte qui ne trouve plus d'autre solution pour faire cesser les pleurs du bébé", rappelait également l'administration, présentant plusieurs sources d'aides pour les parents et les nourrices.

D'après Le Parisien, l'assistante maternelle chargée de garder Rose, l'une des 400 agréées du département,  avait en outre reçu une formation spécifique sur ce syndrome. Selon la Haute autorité de Santé, il se produirait au moins 200 fois par an en France.

 

Des précédents impliquant des assistantes maternelles

L'histoire de Rose n'est pas isolée et rappelle plusieurs tristes précédents. Une assistante maternelle de 44 ans est actuellement jugée par la cour d'assises de Seine-et-Marne pour avoir secoué en 2009 un enfant de cinq mois, souffrant toujours de séquelles. En janvier dernier, une nounou de 37 ans a été condamnée à trois ans de prison avec sursis ainsi qu'à une interdiction d'exercer son métier, dans une affaire similaire n'ayant pas entraîné de séquelles. En mai, une nourrice des Yvelines a encore été mise en examen pour avoir secoué à mort un bébé de sept mois, sur la base des conclusions des expertises médicales : devant les enquêteurs, elle a affirmé qu'une petite fille était tombée sur le nourrisson. Un scénario jugé impossible par les médecins.