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Thibaud Le Meneec
Alors que l'initiatrice du #BalanceTonPorc vient d'être condamnée pour diffamation envers l'homme qu'elle accusait de harcèlement, l'économiste Sandrine Rousseau, qui avait avait gagné un procès similaire intenté par Denis Baupin, estime que "ce jugement est dur" et que "la justice ne passe pas correctement pour les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles".

Comment expliquer la condamnation de la journaliste Sandra Muller, initiatrice de #BalanceTonPorc en 2017, pour diffamation envers l'homme de médias Éric Brion, alors que Sandrine Rousseau avait gagné un procès similaire intenté par Denis Baupin, qu'elle accusait de harcèlement ? "Ce que dit aujourd'hui la justice, c'est qu'on ne peut pas mettre en pâture des noms sur les réseaux sociaux, mais quand c'est cadré devant la justice ou dans la presse", affirme jeudi sur Europe 1 l'ancienne porte-parole d'EELV. "Quelque part, on comprend ce jugement."

Pour autant, celle qui est aujourd'hui économiste et présidente de l'association "Parler" considère que si "la parole des femmes continue à se libérer", "les classements sans suite augmentent aussi" pour les femmes qui accusent des hommes de harcèlement ou d'agression à caractère sexiste ou sexuel. "Les magistrats sont-ils en mesure de comprendre et d'entendre une femme qui va déposer plainte ?", interroge-t-elle. "Il est compliqué pour une femme d'obtenir justice, il faut plusieurs femmes qui parlent en même temps sur une personne."

Sa plateforme de signalement retoquée

C'est ce qui explique sa volonté de lancer une plateforme, "Suis-je seule ?", pour permettre de libérer davantage la parole des femmes en dénonçant collectivement un agresseur. "Dès lors qu'il y trois personnes qui mettent un même nom, on met ces personnes en relation avec un même avocat, qui doit vérifier la crédibilité du témoignage et de conseiller sur la procédure juridique", explique-t-elle.

L'ancienne élue se débat pourtant pour obtenir l'accord de la Commission nationale informatique et libertés pour cette plateforme. "Personne ne voit ce nom, haché et codé. Toutes les conditions de sécurité sont respectées pour que les noms ne sortent pas", garantit-elle. "Ce serait donner le moyen aux femmes d'obtenir des condamnations en justice, [car] il faut donner les moyens aux femmes de gagner."