Au procès de Jawad Bendaoud, les accusations et les larmes de victimes du 13-Novembre

Jawad Bendaoud, surnommé le "logeur de Daech" pour avoir hébergé deux djihadistes, avait été relaxé en première instance.
Jawad Bendaoud, surnommé le "logeur de Daech" pour avoir hébergé deux djihadistes, avait été relaxé en première instance. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
À la barre, des victimes du 13-Novembre ont raconté mercredi comment ce jour avait à tout jamais brisé leurs vies.

Des victimes des attentats du 13 novembre 2015 ont raconté leur vie brisée mercredi à la cour d'appel, au procès de Jawad Bendaoud, le logeur de deux djihadistes, qu'elles accusent de complicité.

Le père d'une victime "choqué" par la relaxe de février dernier. Les mots les plus durs sont venus de Patrick J., qui a perdu sa fille, Nathalie, dans l'attaque du Bataclan. "J'ai été choqué des peines prononcées par le tribunal correctionnel", qui, en février, a relaxé Jawad Bendaoud, a-t-il dit à la cour. "Je suis certain qu'il (Jawad Bendaoud, ndlr) a logé ces salopards en parfaite connaissance de cause", a-t-il affirmé, réclamant des "peines exemplaires" pour Jawad Bendaoud et Youssef Aït Boulahcen, l'autre prévenu. Jawad Bendaoud est jugé pour avoir logé deux djihadistes, dont Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs des attaques qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. Youssef Aït Boulahcen comparaît pour "non dénonciation de crime terroriste".

Gaétan H. était lui au Bataclan le 13 novembre. "Après, j'étais convaincu qu'ils (les djihadistes, ndlr) allaient revenir pour s'en prendre à moi et ma famille. Je passais mon temps à vérifier les portes", a raconté ce jeune homme. Le 18 novembre 2015, quand les deux djihadistes ont été tués dans l'assaut du Raid à Saint-Denis, dans le squat de Jawad Bendaoud, il a ressenti "un soulagement passager", avant de comprendre "qu'ils pouvaient avoir des complices partout".

Une autre victime s'en prend à la façon de se défendre de l'accusé. Romain R., qui était pour sa part en terrasse au restaurant La Belle Équipe, explique pudiquement que les dommages pour lui sont "relativement importants". Il s'est séparé de sa compagne, avec qui il était quand les djihadistes ont attaqué la terrasse. "Je fais partie des blessés psychologiques, ceux qui arrivent à parler mais qui sont détruits intérieurement". Il reproche à Jawad Bendaoud de se défendre en se faisant passer pour un voyou, éloigné des djihadistes. "Il est moralement impossible d'accepter ce type de défense", a-t-il estimé. Romain R. revient sur des déclarations de Jawad Bendaoud, qui a expliqué avoir loué son squat à des call-girls, sans se préoccuper de ce qu'elles faisaient dedans. "De la même façon, vous vous dédouanez des terroristes", a-t-il accusé.

Sarah Z. a elle été victime d'un "double attentat" : elle a été "projetée" par l'explosion d'un kamikaze au Stade de France, puis a vécu de près l'assaut du Raid, car elle habite à Saint-Denis. "J'ai pensé que les djihadistes venaient me chercher", a raconté la jeune femme. "Laissez les personnes en liberté comme ça… Mais vous ne savez pas quel préjudice on a subi. (…) J'ai 26 ans. On dirait que j'en ai 40", a-t-elle dit à la cour. Le procès reprend jeudi à 14h30.