Attentat du 14-Juillet : à Nice, les victimes attendent encore des réponses

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Alain Acco, Jacques Thérence, avec A.H.
Près d'un an après l'attentat du 14-Juillet à Nice, qui a fait 86 morts, les juges d'instruction antiterroristes s'apprêtent à présenter le dossier aux victimes et à leurs familles.

Les juges d'instruction antiterroristes, qui mènent l'enquête sur l'attentat du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais, vont se rendre à Nice, mardi, pour présenter le dossier aux parties civiles. Pour la première fois, les victimes et leurs familles pourront écouter et poser des questions aux magistrats.

"Comment un 19 tonnes a pu rentrer dans cette zone ?". La fille d'Anne Murris, Camille, est morte dans l'attaque perpétrée par Mohamed L-B., qui a tué 86 personnes et fait 450 blessés. Camille avait 27 ans. Désormais, sa mère attend surtout des détails sur le dispositif de sécurité. "Il est indispensable de savoir qui étaient les responsables de cet attentat, quel peut être leur lien avec Daech ? Mais la première question que je me pose, c'est : comment un 19 tonnes a pu rentrer dans une zone qui étaient censée être sécurisée ? Surtout que l'on sait que quatre jours avant l'attaque, notre ville avait accueilli une manifestation de grande ampleur, l'Euro de foot. Ce qui m'interpelle, c'est qu'on avait alors prévu une attaque au camion bélier, chose qui a été complètement écartée pour le dispositif de sécurité du 14 juillet", dénonce-t-elle.

"Ça fait partie de la reconstruction". La venue des juges d'instruction antiterroristes à Nice est pour Anne Murris "une marque de respect", une étape supplémentaire sur le chemin de la rémission. "Ce n'est pas nous qui allons à la recherche d'une vérité ou d'une quelconque information, c'est l'institution judiciaire qui fait cette forme de révérence à notre égard, pour venir nous apporter des informations. Ça fait partie de la reconstruction de toutes les victimes". 

Des victimes toujours pas reconnues. Mais un certain nombre de personnes traumatisées par ce qu'elles ont vécu ce soir-là sur la Promenade des Anglais ne pourront pas assister à ce rendez-vous avec les magistrats, mardi, car la justice a refusé de les reconnaître comme victimes. "Le camion est passé à proximité d'eux. Ils ont fort heureusement pu y échapper. Pour autant, ces personnes ont subi un grave préjudice psychologique, qui est établi et dont ils souffrent à ce jour", indique Me Samia Maktouf. Cette avocate défend une quarantaine de victimes de l'attentat. Elle a aussi deux clients qui n'ont pas été reconnus comme victimes. "Ce qui n'est pas concevable, c'est de ne pas avoir été considérés victimes, parce que le camion et le terroriste ne les ont pas personnellement visés. À quelle distance faut-il être du camion pour être considéré comme victime ?", s'agace-t-elle.

Un statut de victime à préciser. Pour l'avocate, il ne s'agit "bien évidemment pas" de définir comme victimes "l'ensemble des personnes qui étaient présentes sur les lieux". "Mais lorsqu'on a failli être frôlé, lorsqu'on a failli mourir, qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, un périmètre est fixé de manière arbitraire qui fait que oui, on est victime, ou non, on ne l'est pas ?", interroge Me Maktouf, qui réclame désormais que soit mieux défini le statut de victime, notamment lors d'attentats de masse.