Attentat de Nice : le terroriste avait procédé à onze repérages sur la Promenade des Anglais

Mediapart révèle que le chauffeur du camion qui a fauché 86 personnes au soir du 14-Juillet sur la Promenade des Anglais a procédé à onze repérages.
Mediapart révèle que le chauffeur du camion qui a fauché 86 personnes au soir du 14-Juillet sur la Promenade des Anglais a procédé à onze repérages. © AFP
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avec AFP
Une enquête de "Mediapart" montre les failles du système de vidéosurveillance pourtant vanté par Christian Estrosi, l'ancien maire (LR) de la ville.

La longue enquête publiée par Mediapart vendredi s'avère gênante pour la ville de Nice. Le site révèle que le chauffeur du camion qui a fauché 86 personnes au soir du 14-Juillet sur la promenade des Anglais a procédé à onze repérages. Le tout sous l'œil des caméras de vidéosurveillance de la ville.

Le repérage du 13 juillet. Un enquêteur de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (Sdat) affirme que Mohamed Lahouaiej Bouhlel a circulé, sans aucune difficulté, sur la promenade pour préparer sa trajectoire, le matin du 13 juillet, veille de l'attentat. Dans une séquence de cinq minutes, le semi-remorque de 19 tonnes s'engage sur la chaussée, malgré l'interdiction de l'arrêté municipal aux camions de plus de 3,5 tonnes de circuler.

"Durant cinq minutes, de façon manifeste, l'individu n'effectue aucune livraison aux hôtels et restaurants situés sur la plage en contrebas", notent les journalistes de Mediapart. Hormis enfreindre la loi municipale, Mohamed Lahouaiej Bouhlel ne fait rien d'autre. "La scène est immortalisée par une caméra vidéo", poursuit l'article. "Mais au centre de supervision urbain (CSU) de la ville de Nice, personne ne réagit".

Christian Estrosi en selfie avec le tueur. Quelques jours auparavant, le 11 juillet, quand le terroriste avait effectué son premier repérage, personne au centre de contrôle n'avait réagi. Pendant au moins trois jours, le même véhicule va régulièrement effectuer des manœuvres, fait mine de se garer, repart, effectue des demi-tour sur le trottoir, roule à côté de joggeurs sur une zone réservée aux piétons...

Outre ces éléments, Mediapart publie également plusieurs images, dont des photos prises par l'auteur de l'attaque: parmi celles-ci, l'une est un selfie, pris selon le site, le 15 août 2015 sur la promenade des Anglais, de Mohamed Lahouaiej Bouhlel aux côtés de Christian Estrosi. Selon une source proche du dossier, cette photo fait partie des éléments que les enquêteurs ont retrouvé sur le compte Facebook du tueur. "Alors que notre ville est toujours en deuil et qu'une enquête est en cours, Mediapart aurait-il eu accès à des images qui sont normalement protégées par le secret de l'enquête?", s'est interrogé l'entourage de Christian Estrosi auprès de l'AFP.

Plainte en diffamation contre Mediapart. "Nous portons plainte sur ces propos scandaleux allant jusqu'à faire croire que Christian Estrosi aurait fait volontairement une photo avec le terroriste", ajoute l'entourage du président (LR) de la région Provence-Alpes-Côtes-d'Azur. "Christian Estrosi ne laissera pas remettre en cause la compétence de ses agents de police municipale". La ville de Nice et Christian Estrosi portent plainte en diffamation. De son côté, Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart, interrogé par l'AFP, a déclaré n'avoir "reçu aucune plainte à ce jour".