Attentat déjoué : ce que l'on sait des cinq suspects présentés à la justice

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Caroline Politi , modifié à
Les cinq hommes interpellés à Strasbourg et Marseille envisageaient une "action mortifère" le 1er décembre sans que l’on puisse déterminer précisément leur cible. 

Ils préparaient "une action imminente" et "mortifère" sur le sol français. Cinq hommes décrits comme des "opérationnels de Daech, téléguidés depuis le zone irako-syrienne" ont été déférés pour être mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d'atteinte aux personnes et placés en détention provisoire", a indiqué le procureur de la République, François Molins, lors d’une conférence de presse à la mi-journée. Tous avaient été interpellés ce week-end, quatre à Strasbourg et un à Marseille, et retenus exceptionnellement plus de 96 heures en garde à vue. "Les éléments saisis [lors des perquisitions] montrent que les individus envisageaient un passage à l'acte le 1er décembre sans que l'on puisse déterminer, à ce stade, la cible précise parmi toutes celles envisagées par le groupe", a précisé le magistrat.

Amis de longue date. Selon les premiers éléments de l’enquête, les quatre individus interpellés à Strasbourg "sont des amis de longue date" qui se voyaient régulièrement  et "qui se téléphonaient tous les quatre via un réseau fermé, sur une ligne téléphonique dédiée". Parmi eux, Yassine B.. Chez ce Français de 37 ans, animateur dans une école primaire et sans casier judiciaire, les enquêteurs ont retrouvé deux pistolets, dont un automatique, des cartouches ainsi que des documents d’allégeance à Daech et glorifiant la mort en martyre. Sur son ordinateur, ils ont également mis la main sur plusieurs captures d’écran de ce qui pourrait s’avérer être des cibles potentielles. "Il y avait une volonté de trouver et repérer des cibles pour passer à l’acte à très court terme", a indiqué le procureur.

Ils ont également acquis la certitude qu’il s’est rendu en mars 2015 à la frontière syrienne avec Hicham M., sans savoir si les deux hommes ont réussi à passer la frontière. Cela dénote néanmoins de "velléités de rejoindre des groupes terroristes". Son "compagnon" de voyage, manutentionnaire français de 37 ans, condamné à six reprises, gardait chez lui de nombreux documents relatifs à Daech ainsi qu’une déclaration d’allégeance. Par ailleurs, les deux hommes avaient téléchargé très récemment l’application Périscope "pour rendre compte en direct de leurs actions".  Chez Zakaria M., franco-marocain de 36 ans, sans casier, un pistolet automatique, un pistolet mitrailleur et des cartouches ont été découverts. Samy B., Franco-Tunisien de 37 ans, père de trois enfants, condamné à sept reprises, se trouve également parmi les gardés à vue.

Même donneur d’ordre. Un autre homme, Hicham E., 46 ans, a été interpellé simultanément à Marseille. Ce Marocain, sans casier judiciaire, s’était établi au Portugal mais voyageait dans toute l’Europe avec de faux papiers. Il aurait notamment tenté de se rendre en Syrie à l’été 2015. En vain. Il a été refoulé à la frontière par les autorités turques. Chez lui, les enquêteurs ont retrouvé la somme de 4480 euros, probablement pour se procurer des armes.

S’il n’apparaît pas, dans les premiers éléments de l’enquête, de liens directs entre la cellule de Strasbourg et celle de Marseille, ils étaient tous sous la coupe du même donneur d’ordre en zone irako-syrienne et recevaient des instructions communes, notamment pour se procurer des armes, par le biais d’applications cryptées. On ignore encore si ce dernier a été identifié. 

Malgré cet important coup de filet, le magistrat a rappelé que "la menace terroriste est et demeure  particulièrement élevée."