Atteint par le Covid-19, François a trouvé du soutien auprès des Narcotiques Anonymes
Atteint par le Covid-19, François a été isolé dans sa chambre pendant trois semaines. Ancien toxicomane, il a trouvé du soutien à distance auprès des Narcotiques Anonymes. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, François raconte comment l’association l’a soutenu pendant ces semaines de solitude.
François a été atteint par le Covid-19. Pour ne pas contaminer sa famille, il s’est isolé dans sa chambre pendant trois semaines. Ancien toxicomane, il a trouvé du soutien auprès des Narcotiques Anonymes. L’association a mis en place des groupes de parole via l’application de conférence à distance Zoom. Ces réunions à distance étaient alors son seul contact avec l’extérieur. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, François raconte ces semaines d’isolement et le soutien qu’il a trouvé auprès des Narcotiques Anonymes.
"Je suis un ancien toxicomane. Je fais partie d’une association qui s’appelle Narcotiques Anonymes. Ce sont des groupes d’entraide. J’ai été atteint par le Covid-19. Je me suis retrouvé isolé dans ma chambre pour ne pas contaminer ma compagne et mon beau-fils. La première semaine s’est passée tranquillement. J’avais très peu de fièvre, je toussais un peu. C’est monté en puissance le huitième jour. Ça a été foudroyant. La fièvre montait à 39,5°. Le doliprane ne faisait pas baisser la fièvre.
J’ai été hospitalisé pendant huit heures. J’ai été isolé pendant trois semaines dans ma chambre. Le seul lien que j’avais avec l’extérieur, c’étaient des réunions sur Zoom avec mes potes des Narcotiques Anonymes. C’était la seule fenêtre qui s’ouvrait sur l’extérieur. Je n’arrivais pas à lire ou à regarder la télé. La seule chose que j’arrivais à faire, c’est écouter et partager ce que je traversais.
" Ma chambre est devenue ma prison "
J’ai commencé à me droguer vers 15 ans avec de l’héroïne. J’ai réussi à arrêter, après de multiples essais, en passant par le centre ouvert par Kate Barry, la fille de Jane Birkin. À partir de là, je suis allé aux réunions Narcotiques Anonymes. À cause du confinement, on était bloqués. Ils ont organisé des réunions par Zoom. Pour quelqu’un qui a un problème de drogue, c’est essentiel. C’est dans des moments tragiques comme celui-là que tout peut basculer.
Les Narcotiques Anonymes, c’est vraiment une famille et un soutien, surtout dans des moments d’isolement extrême comme celui-là. Ma chambre est devenue ma prison pendant trois semaines. Je tiens à remercier le personnel hospitalier. L’infirmière qui s’est occupée de moi n’avait pas de lunettes, pas de masque FFP2. Elle était exceptionnelle. J’ai une telle gratitude, une reconnaissance envers ces héros discrets qui m’ont sauvé la vie ce soir-là. J’en ai encore les larmes aux yeux. J’espère que l’on s’en souviendra.
Quand j’ai commencé à être abstinent, je me suis rendu compte que je n’avais pas qu’un problème de drogue. Une fois que j’étais abstinent, ma dépendance s’est déplacée dans d’autres domaines de ma vie. J’ai rencontré des problèmes avec le sexe, dans le sport, dans le travail. Je suis un fou de travail. C’est un travail qui n’est jamais fini. J’ai besoin de travailler sur moi et de ces groupes de parole où je peux m’identifier en écoutant les autres.
C’est un programme d’identification et d’entraide. Quand j’étais seul dans ma chambre avec de la fièvre et des moments d’état second, je me sentais soutenu. C’est une vraie aide. Dans cette solitude, beaucoup d’amis m’ont aidé. Il y a de l’amour. J’ai pensé à l’après, j’ai pensé à ralentir. De la fenêtre de ma chambre, je ne voyais pas le ciel. La nature m’a manqué."