Deep Time Ariège 1:56
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Nicolas Feldmann, en Ariège, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Le retour à la surface a lieu samedi pour les 15 volontaires de l'opération "Deep Time", plongés dans une grotte en Ariège pendant près d'un mois et demi. L'occasion de retrouver la lumière naturelle et un environnement différent de celui qui a modifié leur comportement sous terre.
REPORTAGE

Ils sont quinze, huit hommes et sept femmes, enfermés dans une grotte à Tarascon-sur-Ariège depuis quarante jours dans le cadre de l'opération "Deep Time". Biologistes, médecins, vigiles, infirmières, joaillière ou encore prof de maths, ils sont âgés de 27 à 50 ans. Et alors que Thomas Pesquet est parti se confiner six mois dans l'espace, ces quinze volontaires sont de retour à la surface de la Terre, samedi matin. Un départ de la grotte synonyme de réadaptation nécessaire aux conditions de vie classiques, qu'ils ont délaissées pendant environ un mois et demi.

Pendant 40 jours, ils ont vécu sans montre, sans téléphone, sans repères, à une température de 12 degrés et un taux d'humidité flirtant avec les 100%. "C'est un moment plein d'émotions pour eux, parce que bientôt, c'est le retour à une nouvelle vie", anticipait le directeur de cette mission scientifique sans précédent, Jérémy Roumian. Jeudi soir, à 20 heures, on leur a signifié la fin de la mission, ils étaient sidérés.

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Crédits : Nicolas Feldmann / Europe 1

Des lunettes face à la lumière naturelle

Ces quarante jours confinés sous terre les ont totalement désynchronisés, sans montre ni lumière naturelle. "Ils auront des lunettes parce qu'ils n'ont pas vu de lumière du jour aussi intense depuis 40 jours. Et puis, ils vont avoir le bruit des oiseaux, les odeurs, évidemment, toutes ces sensations qui nous nous paraissent naturelles, mais qui, pour eux, vont être sans doute extrêmement fortes."

Dès la mi-journée, certains participants, qui sont des scientifiques, vont s'exprimer lors d'une conférence de presse pour décrypter les premiers enseignements de cette expérience.

Des journées de 32 heures

Ce que l'on sait déjà pour ces quinze bénévoles, c'est que sous terre, le temps leur a semblé plus long, avec des journées de 30 à 32 heures en moyenne. Cela s'explique par le manque de lumière et le manque de repères. Les 15 participants, que l'on dit fatigués mais en bonne santé, vont maintenant être soumis à une série de tests. Cinq d'entre eux rejoindront dès dimanche l'Institut du cerveau à Paris pour passer des IRM. Les scientifiques chercheront notamment à savoir si cette expérience a pu modifier, comme ils le pensent, la structure anatomique du cerveau des participants. 

Les quinze volontaires vont aussi remonter avec près d'un mois et demi de données scientifiques. "Il y avait des appareils de mesure du sommeil avec des électrodes sur eux, des actimètres, pour mesurer tous leurs déplacements 24 heures sur 24", détaille Stéphane Bénard, médecin et chercheur au CHU de Caen. "L'objectif général est de mettre des individus qui vont bien et de voir comment ils peuvent se dégrader ou s'adapter. En attendant la compilation de toutes ces données, le groupe a pu profiter d'une dernière nuit ensemble avant le retour à la réalité."