Frédéric Péchier, Sebastien Bozon / AFP 1280 2:19
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Pierre de Cossette, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
L'anesthésiste Frédéric Péchier, soupçonné de 24 empoisonnements dont 9 mortels, a été laissé libre sous contrôle judiciaire. Si les familles des victimes ne comprennent pas cette décision, elle peut s'expliquer.
ON DÉCRYPTE

Frédéric Péchier, anesthésiste à Besançon, est sorti libre sous contrôle judiciaire au bout d'une nuit d'audition, vendredi alors que le parquet avait requis son placement en détention. Il est soupçonné de 24 empoisonnements dont 9 mortels et malgré sa mise en examen, il continue de nier les faits.

Les familles des victimes, de leur côté, ne comprennent pas cette décision. "Ce sont vraiment les montagnes russes pour elles : en plus des traumatismes, elles doivent gérer, encore une fois, les vicissitudes de la procédure judiciaire", a expliqué sur Europe 1 Me Frédéric Berna, avocat des parties civiles.

Aucun risque de récidive 

Pourtant, cela peut s'expliquer. Il est nécessaire d'avoir des raisons objectives pour incarcérer car la liberté est la règle et la détention est l'exception. D'autant plus que l'enquête suit son cours et qu'aucune condamnation n'a encore été prononcée.

Parmi les critères qui peuvent entrer en ligne de compte pour placer quelqu'un en détention, il y a le risque que le suspect recommence. Ce risque n'existe pas avec Frédéric Péchier qui est suspendu et n'est donc plus anesthésiste. Ensuite, il y a le risque que le suspect s'enfuie. Il faut s'assurer que le mis en examen ait des garanties de représentation. Là encore, Frédéric Péchier s'est complètement astreint au contrôle judiciaire auquel il était déjà soumis depuis deux ans pour sept précédents cas. Il n'a pas gêné le déroulement de l'enquête et n'a pas exercé de pression sur les témoins.

"Nous considérons que c'est une bonne décision"

La nuit de débat devant le juge des libertés et de la détention a donc conduit le magistrat à laisser le médecin en liberté. "Nous considérons que c'est une bonne décision, c'est celle que nous avions suggérée. Elle répond à une certaine sagesse, à une certaine modération, à une certaine objectivité dans l'analyse et elle se démarque de ce qui pourrait être un emballement judiciaire", se satisfait Jean-Yves Le Borgne, l'avocat de Frédéric Péchier.

Ce n'est donc pas le nombre de cas, à savoir 24 possibles empoisonnements, qui a présidé à cette décision. L'anesthésiste devra simplement résider dans l'ouest de la France. Le parquet a fait appel et les avocats de Frédéric Péchier vont désormais se battre pour lui éviter une condamnation. Une autre paire de manches alors qu'il risque la réclusion criminelle à perpétuité.