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Le président de l’Union des organisations islamiques de France n’a pas esquivé ses responsabilités dans la radicalisation de certains individus. Mais il a aussi évoqué celles de toutes les sphères de la société. 
INTERVIEW

Alors que les arrestations d’adolescents radicalisés se sont multipliées ces derniers jours, alors que la menace terroriste reste très élevée en France, Amar Lasfar n’a pas minimisé la gravité de la situation. "C’est grave ce qui nous arrive. Une guerre terroriste nous est déclarée", a déclaré le président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) jeudi sur Europe 1. "Bien sûr que nous sommes responsables, en tant que citoyens, imams, leaders associatifs. Mais nous sommes tous responsables, journalistes, politiques, la justice, la police, toute la société doit se sentir responsable."

"Les politiques surfent sur le phénomène". "Peut-être que nous avons raté des choses. Nous n’avons pas su accompagner un certain nombre des nôtres. Mais Dieu merci, nous avons aussi accompagné des dizaines de milliers de jeunes", a poursuivi Amar Lasfar. "Nous sommes très inquiets. Dieux merci que nous avons une police efficace et nous avons un renseignement qui est unique au monde. Si on le laisse travailler. Les politiques ne créent pas le phénomène, mais ils surfent dessus. Et ça c’est grave", a-t-il dénoncé. 

"La plupart de ces salopards n’ont pas fréquenté les mosquées". Pour Amar Lasfar, les terroristes ne sont pas passés par les organisations islamiques ou par les moquées. "Les familles qui viennent dans nos mosquées, dans nos associations, sont immunisées. La plupart de ces salopards, de ces voyous, de ces repris de justice, n’ont pas fréquenté les mosquées. Le terroriste de Nice, c’est quelqu’un qui ne priait pas, qui ne jeûnait pas. Le sociologue Olivier Roy le dit très bien : nous sommes en train d’assister à l’islamisation de la radicalité", a estimé le président de l'UOIF. 

Emprisonner les fichés S ? "Ce ne serait plus la France". Amar Lasfar s'est aussi opposé à l'emprisonnement préventif des personnes fichées S. "Ce ne serait plus la France, ce serait l’apartheid, ce serait des citoyens à deux vitesses. On ne peut pas condamner quelqu’un, emprisonner quelqu’un sans lui avoir donné une procès et fourni un avocat s’il n’en a pas les moyens", a-t-il estimé.