Publicité
Publicité

Alpes-Maritimes : immigration irrégulière, moyens policiers... Entretien avec le préfet Hugues Moutouh

Frédéric Michel / Crédits photo : Alejandro Martinez Gonzalez / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP - Mis à jour le . 3 min
Hugues Moutouh répond aux questions d'Europe 1 (Archives).
Hugues Moutouh répond aux questions d'Europe 1 (Archives). © Alejandro Martinez Gonzalez / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, a accordé un entretien à Europe 1 sur les moyens policiers déployés à la frontière entre la France et l'Italie pour lutter contre l'immigration irrégulière. Le préfet établit un tour d'horizon complet sur le dispositif policier en place et le profil des étrangers qui arrivent dans le département.

Le linéaire de la frontière franco-italienne fait environ 500 kilomètres, dont 100 kilomètres pour le seul département des Alpes-Maritimes. On compte 11 points de passage autorisés, 12 lorsque le tunnel de Tende rouvrira. "C’est la frontière la plus stratégique et la plus sensible de France", affirme le préfet Hugues Moutouh, qui répond aux questions d'Europe 1.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Pour quelle raison cette frontière est-elle stratégique ?

Elle est le point de passage de la plupart des étrangers en situation irrégulière. Ils viennent d'Italie, ils débarquent à Lampedusa, ils passent la frontière française et certains, pas tous, remontent vers le nord pour essayer de passer la Manche et arriver au Royaume-Uni (…) Dans les Alpes-Maritimes, l'immigration est particulièrement contrôlée et nous sommes très mobilisés pour intercepter le plus possible d'étrangers en situation irrégulière, grâce notamment à 'la force frontière', une sorte d'État-major piloté par le préfet de département que je suis.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Elle réunit des douaniers, des policiers de la police aux frontières et de la sécurité publique, des gendarmes, des militaires de la force Sentinelle et souvent des chasseurs alpins qui se déploient sur les cols, avec un matériel technologique adapté : des drones, des détecteurs par exemple. On a un boîtier que l'on pose sur des remorques de camions pour savoir si des personnes y sont cachées, le boitier détecte les battements de cœur. On ne contrôle plus la frontière au XXIe siècle comme on la contrôlait au XXe siècle. Évidemment, il y a des gens qui tentent de passer pour trouver une meilleure vie mais il y a aussi des individus 'à risque'.

Quel est le dispositif déployé à la frontière ?

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

On a 175 personnes mobilisées au moment où je vous parle, mais ce dispositif est à géométrie variable. Si nous sommes confrontés demain à une nouvelle crise migratoire, comme au début de l'année 2024 et pendant l'été 2023, on a la possibilité de renforcer notablement cette force et de passer en 48 heures du simple au double, voire au triple.

Quels sont les chiffres de l’immigration illégale ces deux dernières années à la frontière des Alpes-Maritimes ?

La suite après cette publicité

Nous avons intercepté 15.000 étrangers en situation irrégulière en 2024 et 42.000 en 2023. Le différentiel s'explique tout simplement parce qu'il y a eu beaucoup moins de migrants qui ont débarqué en Italie l’an dernier, mais depuis le début de l’année, les chiffres sont en hausse, notamment en raison d’une meilleure météo en mer Méditerranée.

De quels pays sont originaires ces étrangers en situation irrégulière ?

En 2024, 50% des personnes interceptées étaient originaires des pays du Maghreb. Selon les chiffres de la préfecture des Alpes-Maritimes, en 2024, les Tunisiens étaient les plus représentés. Viennent ensuite les Géorgiens, les Algériens et les Roumains.

Que peut-on dire des demandes de titres de séjour ?

Le département des Alpes-Maritimes est attractif, mais si les demandes de titres de séjour sont en hausse, le nombre de cartes délivrées reste stable. Cela peut être lié aux délais de traitement. En 2024, les demandes de titres de séjour ont augmenté de 9,46% par rapport à 2023. 35.579 dossiers ont été déposés contre 32.389 l’année précédente. En 2024, le nombre de cartes de séjour délivrées est de 41.350, contre 41.511 en 2023.

Et concernant les régularisations ?

Le bilan 2024 montre que nous avions anticipé (la circulaire du 23 janvier, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, demandant aux préfets d’être plus restrictifs). Nous sommes l’un des départements à avoir le moins régularisé d’étrangers en situation irrégulière. Sur 2.420 dossiers déposés au titre de l’admission exceptionnelle au séjour (AES) prévues par la loi, nous avons procédé à 127 régularisations, soit un taux de 5,25%. 88 cas concernaient des motifs de vie privée et familiale, 36 sur la base du travail, trois pour situation humanitaire.

Il y a des professions en tensions qui pourraient bénéficier de ces régularisations ? Certains secteurs économiques y sont plutôt favorables.

Les régularisations de travailleurs sont en réalité peu nombreuses, ils représentent 25% des demandes. Je n’en vois pas vraiment l’utilité. Commençons par faire travailler les Français et les étrangers en situation régulière qui sont aujourd’hui au chômage dans notre département.