Air France : le délégué CGT licencié saisit la justice

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le délégué CGT, dont le licenciement par Air France après l'épisode de la "chemise arrachée" avait été validé début août par le ministère du Travail, a déposé mardi un recours en justice contre cette décision.

Le délégué CGT, dont le licenciement par Air France après l'épisode de la "chemise arrachée" avait été validé début août par le ministère du Travail, a déposé mardi un recours en justice contre cette décision, a-t-on appris mercredi auprès de son avocate.

Deux recours. L'avocate de la CGT Air France Me Lilia Mhissen a formé deux recours auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, l'un au fond, pour excès de pouvoir, et l'autre en référé, "pour demander de suspendre l'exécution de la décision dans l'attente de l'examen du recours" au fond. L'Inspection du travail, saisie en cas de licenciement d'un salarié protégé, avait refusé en janvier le licenciement pour faute lourde du représentant du personnel (CGT). La direction d'Air France avait alors formé un recours auprès du ministère du Travail, le 3 février dernier, contre cette décision.

La validation de la ministre du Travail. Début août, la ministre du travail Myriam El Khomri avait finalement validé le licenciement, arguant que la "faute reprochée" était "d'une gravité suffisante pour justifier le licenciement du salarié protégé". Réintégré à son poste après une mise à pied, ce magasinier à la maintenance est accusé par son employeur d'avoir agressé le DRH de la compagnie de l'époque, Xavier Broseta, ainsi que deux vigiles, le 5 octobre à l'occasion d'une manifestation organisée au siège d'Air France à Roissy contre des suppressions d'emplois. M. Broseta avait été contraint de fuir la foule en colère en escaladant une grille, la chemise arrachée.

Ce que dit l'avocate du délégué CGT. Pour Me Mhissen, la ministre ne s'est pas prononcée dans les délais impartis. Surtout, dans la motivation de sa décision, "elle n'a pas caractérisé l'intention de nuire du délégué licencié, qu'il s'agisse du moment où il a repoussé la foule pour protéger les cadres" de la compagnie ou de celui "où il a repoussé le vigile". En outre, "ce geste doit s'apprécier en fonction du contexte, le vigile lui ayant préalablement donné des coups de coude", a-t-elle fait valoir. Le délégué et quatre autres salariés licenciés doivent répondre de "violences en réunion" les 27 et 28 septembre au tribunal correctionnel de Bobigny, aux côtés de dix autres prévenus qui avaient eux fait l'objet d'une simple mise à pied.

"Scandalisée" par la décision de la ministre du Travail, l'intersyndicale d'Air France a appelé l'ensemble des salariés de la compagnie à manifester devant le tribunal "pour exiger la relaxe de tous les réprimés" ces deux jours-là.