Affaire Théo : débordements en marge d'une manifestation à Bobigny

Des heurts ont éclaté en marge d'une manifestation à  Bobigny, samedi après-midi.
Des heurts ont éclaté en marge d'une manifestation à Bobigny, samedi après-midi. © AFP
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avec AFP , modifié à
Plusieurs centaines de manifestants, dont de nombreux jeunes, se sont rassemblés à Bobigny, samedi. Des débordements ont éclaté en fin d'après-midi. 

Plusieurs centaines de manifestants, dont de nombreux jeunes, se sont rassemblés samedi après-midi à Bobigny en soutien à Théo, jeune homme victime d'un viol présumé lors d'une interpellation brutale à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, le 2 février. Des heurts ont éclaté. 

Les informations à retenir : 

  • Environ 2.000 personnes se sont rassemblées à Bobigny, samedi après-midi
  • Des débordements ont éclaté, au moins quatre véhicules ont été incendiés
  • Aucun blessé n'était à déplorer en début de soirée

"La police viole". Rassemblés devant le tribunal de cette ville située au nord-est de Paris, et encadrés par des forces de police en nombre, les manifestants ont d'abord réclamé "justice pour Théo". "La police viole", "je ne suis pas un bamboula", "la police tue des innocents", pouvait-on lire sur des pancartes. Après plus d'une heure de manifestation, des policiers postés sur une passerelle juste au-dessus du lieu du rassemblement ont reçu des projectiles lancés par des manifestants.

Des cris et des bruits de pétards ont suivi. Des casseurs s'en sont pris, notamment à coups de pieds, aux vitres d'un immeuble et au mobilier urbain. Le camion technique de nos confrères de RTL a été incendié. 

feu

"Des humiliations, des attouchements". Les manifestants ont aussi évoqué Zyed et Bouna, les deux adolescents morts dans un transformateur électrique à l'origine des émeutes en banlieue en 2005, ou Adama Traoré, mort lors de son interpellation l'été dernier dans le Val-d'Oise.

Au micro, debout sur un plot en béton, les témoignages se sont succédé. "Le cas de Théo a suscité en nous tous une colère, une rage, et un désir encore plus fort d'avoir la justice pour nous les Africains", s'est exclamé un manifestant. "Un certain nombre d'entre nous avons subi des humiliations, des attouchements lors de contrôles."

Aucun blessé à déplorer. Alors que les policiers tiraient des grenades de gaz lacrymogènes, les manifestants ont commencé à se disperser en début de soirée. Selon un communiqué de la préfecture de police, diffusé en début de soirée, quatre véhicules ont été incendiés dans l'après-midi. "Des effectifs de police ont dû intervenir pour porter secours à une jeune enfant se trouvant dans un véhicule en feu", ajoute le communiqué. Deux "établissements commerciaux" ont en outre été dégradés, et plusieurs poubelles incendiées, selon la même source. "À 20 heures, aucun blessé n'est à déplorer parmi les manifestants et les forces de l'ordre", écrit la préfecture. 

Ces "débordements violents" ont été "fermement" condamnés par le président de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), précisant que "certains bâtiments du Conseil départemental" ont aussi été "visés".

Une semaine de tensions. Dans la nuit de vendredi à samedi, huit personnes avaient été interpellées en Seine-Saint-Denis, où les tensions consécutives au viol présumé de Théo ont baissé d'un cran, selon des sources policières. Vingt-cinq personnes avaient été interpellées la nuit précédente. Toujours hospitalisé, Théo, jeune homme noir de 22 ans, a raconté avoir été victime le 2 février d'un viol avec une matraque télescopique au cours d'une interpellation violente aux 3.000, une cité d'Aulnay-sous-Bois. L'un des quatre policiers ayant procédé à l'interpellation a été mis en examen pour viol. Les trois autres pour violences.