Abandon chat animaux SPA 1:27
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Justin Morin, Mathilde Durand
Le député LREM Loïc Dombreval remet 121 propositions pour améliorer le bien-être animal. Il propose notamment la création d'une attestation obligatoire avant l'adoption d'un animal domestique ou encore la fin des ventes en animalerie pour lutter contre les achats compulsifs. Les associations, satisfaites mais méfiantes, attendent du concret. 
DÉCRYPTAGE

Chaque année, plus de 100.000 animaux sont abandonnés en France, selon les chiffres de la SPA. Un triste record européen. Pour tenter d'endiguer ce triste fléau, le député LREM des Alpes-Maritimes Loïc Dombreval vient de révéler un rapport contenant 121 propositions pour le bien-être animal. Parmi ces dernières, l'idée d'une attestation gratuite et obligatoire avant l'adoption d'un chat ou d'un chien. "Ce n'est pas un énième permis", assure le président du groupe "Condition animale" à l'Assemblée, au micro d'Europe 1. "C'est une attestation de connaissance, cela va être un quiz."

"Ce doit être ludique, fait de façon simple, mais cela permettra d'imprimer dans la tête de celui qui va acquérir trois, quatre idées absolument importantes qui vont lui permettre de faire en sorte que le mariage avec l'animal de compagnie se passe bien", poursuit le député.

Limiter les achats compulsifs

Le rapport veut aussi limiter les achats compulsifs d'animaux, parfois sous la pression des enfants. Pour ce faire, les ventes en animalerie, dans les foires ou encore sur internet devront être interdites. Pour acquérir un nouveau compagnon, les futurs propriétaires devront se rendre chez un éleveur ou dans un refuge. Des propositions urgentes pour Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d'amis, qui dénonce la vente en animalerie sur Europe 1. "C'est là où vraiment on utilise l'animal comme un objet de consommation : on attire le chaland, parfois on peut acheter ses chiots à crédit. C'est terrible parce que la personne achète sur un coup de tête, n'y connait rien, il n'y a aucun sens des responsabilités", déplore-t-elle.

Les ventes sur internet d'animaux, parfois à prix cassés, sont aussi source d'abandons, selon la présidente de la Fondation. "Souvent, ce sont des animaux qui arrivent par importation, de trafics d'animaux, venus d'usine à chiot dans les pays de l'Est", raconte-t-elle. "C'est la porte ouverte à l'abandon puisque ce sont des animaux qui ont été sevrés trop tôt, qui arrivent la moitié du temps malades… La personne qui se fait avoir sur un site, quand elle ne peut plus le garder, qu'elle se rend compte qu'il a des problèmes de comportement, de santé et autres, c'est évident qu'elle l'abandonne."

Des peines renforcées pour maltraitance sur les animaux

Dans le rapport, une contribution de Robert Badinter est particulièrement remarquée. Il propose la création d'un Défenseur des droits ou la création d'un secrétariat dédié à la condition animale. Une mesure réclamée par la SPA depuis longtemps. "Cela veut dire que l'idée est en train de germer, que le regard sur la condition animale est complètement différent de celui qu'avait la génération qui nous a précédé. Maintenant il faut que le politique retrousse ses manches", assure Jacques-Charles Fombonne, président de la Société Protectrice des Animaux  

Les peines en cas de maltraitances avérées sur des animaux devraient également être renforcées : trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, contre 2 ans et 30.000 euros actuellement. "Il faut encore appliquer les peines", réplique Reha Hutin. "En 2016, la Fondation a réussi à ce que le Code civil change, que l'on reconnaisse l'animal comme un être vivant et sensible. Depuis les magistrats commencent à prendre cela en compte."

"Nous sommes parties civiles dans une centaine de cas par an, la maltraitance c'est juste une contravention, qui coûte encore moins cher qu'une voiture mal garée. Or, nous devons prouver qu'il y a eu un acte de barbarie", ajoute la présidente de la Fondation, en soulignant à la difficulté d'apporter la preuve d'un tel acte. 

Les associations attendent la suite 

Les associations restent globalement satisfaites des 121 propositions et attendent leurs retranscriptions dans le plan 2020-2025 du bien-être animal, prévu pour la fin de l'année."Espérons que la montagne ne va pas accoucher d'une souris parce que les propositions sont formidables mais jusqu'à ce jour on n'a pas vu un gouvernement qui soit très soucieux du bien-être animal", souligne Reha Hutin.

En attendant du concret, les défenseurs de la condition animale continuent de faire pression sur le gouvernement pour être entendus. La Fondation 30 millions d'amis a notamment mis en ligne une pétition sur les réseaux sociaux : #Nonàl'abandon.