Après cinq années à chercher un repreneur, Claude Le Poultier est décidé à prendre sa retraite, quoi qu'il advienne de son officine. 1:30
  • Copié
Jean-Jacques Héry, édité Ugo Pascolo
REPORTAGE - À Saint-Martin des Landelles, dans la Manche, un pharmacien s'apprête à vendre son officine pour un euro symbolique, faute de repreneur. Pourtant, l'activité est rentable. 
REPORTAGE

Il s'apprête à vendre une vie entière de travail... pour un euro symbolique. A Saint-Martin de Landelles, dans la Manche, l'unique pharmacien de la commune, Claude Le Poultier, aurait dû arrêter son activité il y a cinq ans, mais il a souhaité poursuivre pour ne pas abandonner sa clientèle. Aujourd’hui, il souhaite partir en retraite. Le problème ? Il ne trouve personne pour lui succéder. 

Après cinq longues années à chercher un successeur, Claude Le Poultier a pris sa décision : à 71 ans, il raccrochera sa blouse en décembre, avec ou sans repreneur. "Je travaille au minimum 10 heures par jour et 50 heures par semaine", explique-t-il comme pour justifier que personne ne veuille prendre sa relève. "On a un métier de contact social très étroit, ce qui n'est pas forcément le cas en milieu citadin où l'on n'est pas forcément attaché à une pharmacie. C'est vraiment ça que l'on n'arrive pas à comprendre", ajoute le pharmacien au micro d'Europe 1.

"Il y a tout ce qu'il faut pour bien vivre à Saint-Martin"

Pourtant, la seule pharmacie de Saint-Martin de Landelles est rentable : avec 1.200 habitants, la clientèle est assurée. "Il y a tout ce qu'il faut pour bien vivre à Saint-Martin", insiste le maire Jacky Bouvet. "Nous avons également un médecin, une boucherie, deux épiceries, une boulangerie, un bar-tabac-presse", égrène l'édile. 

La disparition potentielle de l'officine inquiète également les habitants. "C'est très pratique d'avoir la pharmacie à côté, j'espère qu'il va trouver", glisse Patrick, rencontré dans le bar-tabac de Saint-Martin. Face à lui, la patronne de ce lieu de vie reste stoïque. Elle qui voudrait prendre sa retraite dans deux ans affirme qu'elle va avoir le même souci : "En France, on oublie les campagnes, plus personne ne veut venir ici", glisse-t-elle dépitée. 

Mais l'espoir de voir un repreneur enfiler la blouse n'est pas définitivement enterré, puisque la médiatisation autour de l'histoire de la pharmacie de Claude Le Poultier a suscité la réaction de nombreuses personnes qui viennent se renseigner et se disent intéressées par une reprise. Le téléphone du pharmacien n’arrête pas de sonner, selon lui.