À Rouen, "on s'inquiète quand même" de la pollution malgré les déclarations des autorités

L'incendie a été éteint vendredi, mais les inquiétudes demeurent sur les risques d'une pollution durable.
L'incendie a été éteint vendredi, mais les inquiétudes demeurent sur les risques d'une pollution durable. © Philippe LOPEZ / AFP
  • Copié
Justin Morin, à Rouen, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Vendredi, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a tenté de rassurer les habitants sur les risques d'une vaste pollution après l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen, jeudi matin. Mais dans l'agglomération, on reste dubitatifs.
REPORTAGE

Deux jours après l'incendie de l'usine rouennaise Lubrizol, classée Seveso, et alors que les opérations de nettoyage commencent, la population de la région continue de craindre des effets néfastes sur la santé à court ou long terme. 

Selon nos information, cinq plaintes vont même être déposées lundi, émanant d'entreprises qui ont perdu du chiffre d'affaires et de particuliers victimes d'évanouissements, de nausées, de chutes et/ou qui ont déposé des arrêts maladie après l'incendie.

"On n'a pas du tout de recul"

"On s'inquiète quand même pour nos enfants", confie une habitante de l'agglomération rouennaise au micro d'Europe 1. Dans son jardin, Fabrice a pour sa part retrouvé des traces noires gluantes et le conseil de les nettoyer avec de l'eau n'y fait rien : "Pour tout ce qui était sale, comme la façade, on ne sait pas ce qui va se passer. C'est sûr que ça ne partira pas", raconte-t-il. "Quand on écoute les informations, tout le monde paraît rassurant mais on n'a pas du tout de recul par rapport à tout ce qui peut se passer aujourd'hui."

Dans l'agglomération, l'odeur de diesel et de soufre qui persiste ne donne pas vraiment confiance, tout comme la vingtaine de galettes d'hydrocarbures retrouvées dans la Seine. À Rouen, vendredi, de nombreuses personnes portaient des masques. "On ne sait jamais tout ce que ça peut faire sur la santé", confie une passante.

Opération transparence

Et le gouvernement a du mal à dissiper ces craintes, malgré la publication sur le site de la préfecture de toutes les mesures effectuées dans les environs. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait le déplacement à Rouen, vendredi : "Je comprends que la population s'étonne de l'odeur persistante, mais il y a sur le site encore énormément de produits chimiques en train d'être nettoyés et progressivement éliminés", a-t-elle expliqué, admettant que la ville était "clairement polluée".

"Pour l'instant, nous n'avons pas d'inquiétude sur les premiers prélèvements qui ont été faits par les pompiers et l'analyse plus fine est en cours", veut-elle croire. Les résultats seront connus la semaine prochaine et publiés, la preuve selon la ministre qu'il n'y a aucune volonté de cacher quelque chose à la population.