300 migrants entassés dans un couvent : à Marseille, le "squat Saint Just", menacé de fermeture, est au bord de la rupture

Le squat est occupé par des familles et des mineurs isolés depuis plus d'un an 1:10
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Nathalie Chevance, édité par Thomas Vichard , modifié à
Alors que le Sénat a décrit un "système d'asile saturé" et en plein débat sur l'immigration, nous sommes allés à Marseille, dans un ancien couvent où 300 migrants ont trouvé refuge.
REPORTAGE

En plein débat sur l’immigration, les structures d’accueil pour les migrants saturent. À Marseille, un ancien couvent appartenant au diocèse est squatté depuis 11 mois par plus de 300 personnes, essentiellement des Familles. Dans la cité phocéenne, il est désormais baptisé le "squat Saint Just". Le diocèse a engagé une procédure pour récupérer les locaux et les bénévoles qui s’occupent des lieux sont désemparés car il n’ y a aucune solution d’hébergement, notamment pour les très nombreux mineurs qui risquent de se retrouver à la rue. 

Depuis plus d’un an, des familles et 174 mineurs isolés trouvent en effet refuge dans cette vieille bâtisse, où les conditions sont plus que spartiates. La bonne volonté des bénévoles a permis de recréer un semblant de vie familiale. A tel point que l’adresse, 59 Saint-Just, est maintenant devenue une référence pour les autorités. "Tout le monde nous envoie des migrants, les institutions, la police, avec un petit bout de papier où il est noté '59 St Just, métro St Just', même l’hôpital. Ils savent que le squat est ici, qu’il est ouvert et qu’on ne va pas dire non. Ça les arrange et c’est un gros problème", explique Julia, une bénévole débordée.

"Quand on est en Afrique, on pense qu'ici c'est le paradis"

Débordés, car le squat ne fonctionne que grâce à la solidarité. Il y a des cours de Français et de soutien, mais aussi pour les démarches administratives.

Toutefois, après plusieurs mois dans le diocèse, certains mineurs déchantent. "Je ne savais pas que ce serait comme ça, je suis déçu et triste", confie l’un d’entre eux. Un autre va même plus loin :  "Quand on est en Afrique, on pense qu’ici c’est le paradis. Si j’avais su que c’était comme ça ici, je serais resté au bled. On est trop nombreux, on n’a plus de place pour faire des cours de français, plus beaucoup de nourritures, ça va être chaud."

Le sort des mineurs devrait encore évoluer. Il doit être tranché par la justice dans les prochaines semaines. De son côté, le diocèse a engagé une procédure pour récupérer l’ancien couvent.