Un médecin qui quitte l'hôpital public pour le privé voit en moyenne son salaire grimper de 30%. (Photo d'illustration) 1:30
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Eve Roger, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Alors que les soignants battent le pavé ce jeudi pour demander la mise en place d'un plan d'urgence pour sauver l'hôpital public, nombreux sont ceux qui ont quitté le public pour le privé. Plus rémunérateur, des équipes plus nombreuses et un confort de vie retrouvé, les avantages sont nombreux et témoignent de la profondeur de la blessure du milieu hospitalier. 
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30% de plus, c'est en moyenne le gain de salaire d'un soignant lorsqu'il passe du public au privé. C'est aussi l'une des réalités de la crise de l'hôpital. Huit mois après le début du mouvement de grève aux urgences, la grogne a contaminé tous les étages des hôpitaux et essaimé dans les services. C'est une journée "hôpital mort" qui est promise ce jeudi, avec tous les corps de métier dans la rue. 

Un privé plus rémunérateur

Une crise qui ne date pas d'hier, comme l'expliquait mercredi soir au micro d'Europe 1 le chef du service pédiatrie de l'hôpital Necker, Rémi Salomon. Selon lui, elle a commencé il y a environ 10 ans. C'est donc l’arrivée au "point de rupture" qui se manifeste ce jeudi avec cet appel national. Et les effets sont là : depuis deux ans, infirmières, aides-soignants, kinés ou manipulateurs radio fuient en masse vers un privé plus rémunérateur, et mieux organisé. 

Julie Pelletier se souvient très bien du moment où elle a craqué : "Je suis arrivée un matin dans l'hôpital et j'ai pleuré", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. "J'ai appelé mon conjoint et je lui ai dit, 'je crois qu'il faut que j’arrête', il a acquiescé". Aujourd’hui médecin dans le privé, elle se sent mieux. "J'ai un rythme de travail beaucoup plus posé, j'ai du temps pour parler avec mes patients. Il y a des secrétaires et des infirmiers en nombre, les gens sont mieux dans leur peau pour travailler", égrène-t-elle. 

Partir pour se sauver

Et selon elle, cette organisation est bénéfique pour les patients qui "sont très bien pris en charge". Mais elle l'avoue, "quand il y a une infection atypique, j'appelle les collègues de l'hôpital, et je leur adresse le patient". Si certains partent évidemment pour un meilleur salaire, ce n'est pas le cas de Julie.

Et d'autres sont dans le même cas, car parfois, c'est pour sauver leur peau que certaines partent glisse un médecin. Il se souvient d'ailleurs parfaitement d'une infirmière passionnée, qui a fini, la mort dans l'âme, dans un laboratoire d'analyses médicales. En Île-de-France, ce sont des centaines de postes de soignants qui ne sont plus pourvus, alors que le budget est là.