A côté de l'actuel aéroport de Nantes, les riverains ne décolèrent pas

L'aéroport de Nantes Atlantique sera réaménagé.
L'aéroport de Nantes Atlantique sera réaménagé. © LOIC VENANCE / AFP
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Théo Maneval avec G.M.
L'abandon du projet Notre-Dame-des-Landes et l'extension envisagée de l'aéroport actuel de Nantes Atlantique provoque la colère des habitants de la commune de Saint-Aignan-Grandlieu.

A Notre-Dame-des-Landes, il y a donc ceux qui crient de joie, et ceux pour qui l'avenir pourrait devenir un calvaire. Avec l'extension décidée de l'aéroport actuel de Nantes-Atlantique, les villages situés dans l'axe de la piste de décollage vont être survolés par plus d'avions et à des altitudes plus basses. A Saint-Aignan-Grandlieu, commune en bout de piste, le maire a mis les drapeaux en berne. Il estime que cette extension signe la mort de son village. 

Plus de 80 avions par jour. Dans cette commune, les avions qui décollent passent à 150 mètres au-dessus de la tête des habitants. Le bruit peut monter jusqu'à 90 décibels, 80 fois par jour en moyenne. Et si l'aéroport est modernisé, avec une piste de décollage plus longue comme l'a annoncé Edouard Philippe mercredi, les avions pourraient passer encore plus près. "Ils passent vraiment au-dessus de l'école maternelle. C'est tout juste si on ne voit pas le pilote", déplore Nicole, dont le petit fils est scolarisé à l'école maternelle. "Il y a la santé de nos petits-enfants, le nombre d'avions qui va passer... Ce n'est pas faisable", poursuit-elle. 

"Ce n'est plus une commune". Avec le projet Notre-Dame-des-Landes, tout le monde pensait se débarrasser du bruit. La décision de ne pas construire l'aéroport est donc très mal vécue. "On est complètement abasourdi, on a du mal à l'admettre", explique un riverain. Le maire, Jean-Claude Lemasson a même mis ses drapeaux en berne. Avec les règles sur les nuisances, tout son centre-ville se retrouve désormais menacé. "Le bourg sera en zone B du plan d'exposition au bruit, c'est-à-dire qu'on ne peut rien construire, ni aménager ce qui existe déjà pour ne pas exposer les gens au bruit et aux nuisances. Donc, c'est fini. Une commune sans bourg, ce n'est plus une commune", regrette-t-il. "Il y a de la colère, du désespoir, c'est un coup de poignard. Je ne laisserai pas faire", promet-il encore. Jean-Claude Lemasson prévoit donc de déposer un recours devant le Conseil d'Etat dès jeudi matin.

Les Nantais partagés. Les Nantais, eux, sont partagés. "Il fallait que ça se fasse, on abandonne pas un truc comme ça au bout de 60 ans où tout a été réglé, tout a été payé, les agriculteurs indemnisés. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement a cédé", s'interroge une habitante de la ville. "Moi je trouve que c'est plutôt une bonne idée. Ça va coûter beaucoup moins cher que de faire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Je trouvais que c'était un peu du gaspillage donc si on peut bien utiliser l'argent public, ce n'est pas plus mal", tempère un autre.