Pour certains maires, réouvrir les écoles le 11 mai est un défi impossible. 3:37
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Coline Vazquez
Invitée d'Europe 1, Sylvine Thomassin, maire de Bondy et porte-parole de l'Association des maires de France, estime qu'il reste encore beaucoup de travail avant de pouvoir accueillir à nouveau les enfants à l'école. C'est le cas en Seine-Saint-Denis, mais aussi dans de nombreuses villes ailleurs en France. 
INTERVIEW

Faut-il rouvrir toutes les écoles dès le 11 mai ? La question ne cesse de faire débat. D'autant que selon certains maires, cette réouverture est impossible à la date fixée par le gouvernement. Un point de vue que partage Sylvine Thomassin, maire de Bondy et secrétaire générale de l'Association des Maires d'Île-de-France (AMIF). Dans sa ville de Seine-Saint-Denis, les écoles primaires et élémentaires "n'ouvriront pas avant le 18 mai au mieux", précise-t-elle au micro d'Europe 1. 

Une fermeture prolongée d'une semaine car beaucoup de choses restent à faire. Les masques destinés au personnel de l'Education nationale n'ont pas encore été reçus mais devraient bientôt l'être. Pour les enfants, ce sont des serre-têtes visière qui ont été privilégiés, plus adaptés et plus faciles à laver et désinfecter. "Il faut aussi qu'on organise les circulations, les déambulations, pour que les enfants respectent bien les distances et surtout que les adultes qui vont se relayer autour des enfants puissent se saisir des recommandations sanitaire. Et ça ne se fait pas en deux trois jours", prévient Sylvine Thomassin.

"Nous avons donc prévu de consacrer la semaine du 11 au 15 mai pour que les adultes se voient et préparent en pré-rentrée les conditions d'accueil raisonnables pour un retour à partir du 18 mai, mais il faudra qu'il soit très progressif et très doux", conclut celle qui est également porte-parole de l'Association des Maires de France (AMF) et présidente de la commission éducation à l’AMF. 

"Nous n'avons pas été associés à ce protocole sanitaire"

"On ne peut pas dire que nous sommes prêts" résume Sylvine Thomassin. Selon elle, les 35.000 maires de France ont besoin de temps pour lire, comprendre et mettre en place le protocole sanitaire national reçu seulement jeudi. "Il va falloir que l'on fasse un travail d'atterrissage local dans nos écoles qui sont, par définition, toutes différentes. On va prendre le temps qu'il faut pour visiter chacune des écoles, poser le protocole sanitaire dans chacune d'elles puis envoyer ce protocole à l'Education nationale", détaille-t-elle, précisant que les maires ne veulent pas "porter une responsabilité civile et pénale que nous n'avons pas à avoir".

"La sécurité sanitaire relève du rôle de l'Etat et nous n'avons pas été associés à ce protocole sanitaire." A l'inverse, Sylvine Thomassin assure que la plupart des maires travaillent, eux, de concert avec les parents d'élèves, les directeurs d'école, les animateurs, et les médecins scolaires. 

Des élèves à faire revenir en priorité sur les bancs de l'école

Malgré toutes ces difficultés, la réouverture des écoles primaires et élémentaires et le retour sur les bancs des élèves restent une priorité pour la maire de la ville du 93. Elle déplorait d'ailleurs il y a un mois, dans une tribune, que l'école en Seine-Saint-Denis avait perdu la trace de 25 à 35% des élèves des quartiers défavorisés. "Ce chiffre est peut-être un peu moins haut actuellement. Dans le primaire, je l'évalue à environ 500 enfants sur une ville qui en scolarise 7.300 en maternelle et en élémentaire. C'est 500 de trop et ceux-là, il va falloir tout faire pour les approcher, qu'ils reviennent à l'école. C'est notre priorité", insiste-t-elle.

Parmi les enfants prioritaires, la porte-parole de l'AMF cite également ceux vivant dans de petits appartements avec un seul ordinateur par famille mais aussi ceux dont les parents vont devoir retravailler. Sylvine Thomassin précise qu'une grande partie de ceux ayant continué à travailler pendant le confinement, les soignants en Ehpad, les caissiers de supermarchés, les livreurs, les ambulanciers, habitent dans le 93.