Une lettre de Robert Boulin expertisée

Fabienne Boulin-Burgeat est persuadée que son père ne s'est pas suicidé.
Fabienne Boulin-Burgeat est persuadée que son père ne s'est pas suicidé. © Maxppp
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C.V. avec AFP , modifié à
La fille de l’ex-ministre va faire expertiser la seule lettre qui n'a pas été transmise à la justice.

Nouvelle étape dans l'affaire Robert Boulin. La fille de l'ancien ministre du Travail va faire pratiquer, à titre privé, une expertise ADN sur l'ultime exemplaire d'une lettre signée de son père avant sa mort, grâce à une mèche de cheveux qu’elle a conservée.

L'ancien responsable du journal Sud Ouest à Libourne, Alain Ribet, a remis le 22 mars à Fabienne Boulin-Burgeat cette lettre dactylographiée et portant quelques mentions manuscrites, qu'il a reçue au lendemain de l'annonce de la mort de Robert Boulin. Neuf exemplaires avaient été envoyés à divers responsables politiques et journalistes, puis collectés par la justice, à l'exception de celle-ci.

"Qu’est-ce-que la justice risque ?"

Une nouvelle étape après le refus en juin 2010, du procureur général de la cour d'appel de Paris, François Falletti, de réaliser des expertises ADN, alors que la famille Boulin le réclamait. "Je ne comprends pas pourquoi la justice a refusé de faire cet examen d'ADN. Qu'est-ce qu'elle risque?", a-t-elle questionné.

Fabienne Boulin-Burgeat se dit persuadé que son père ne s’est pas suicidé. Elle estime que l'expertise graphologique "est un art, pas une science", contrairement, selon elle, aux analyses ADN.

"Une affaire obsédante"

Robert Boulin avait été retrouvé le 30 octobre 1979 dans un étang très peu profond de la forêt de Rambouillet, en banlieue parisienne. Alain Ribet, 65 ans, a expliqué avoir eu, huit jours avant de recevoir ce courrier, une longue conversation avec Robert Boulin sur l'affaire de l'acquisition d'un terrain à Ramatuelle, dans le Var. Un dossier au centre duquel le nom du ministre figurait : "c'était une affaire obsédante pour lui, il ne pensait qu'à ça", se rappelle le journaliste.

Il indique avoir "longtemps pensé" que Robert Boulin s'était suicidé, avant de remettre en cause cette version officielle. "Aujourd'hui je trouve qu'il y a un certain nombre d'éléments troublants. Parmi lesquels, pourquoi est-ce que personne n'était jamais venu me demander cette lettre".

Les confessions d'un gendarme

En février, Francis Deswarte, un des gendarmes qui avaient découvert le corps du ministre du Travail dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979, avait mis une nouvelle fois à mal l'hypothèse du suicide.

Il affirmait sur Europe1 que vu la position de Robert Boulin quand il a été découvert, le ministre ne s'est pas suicidé : "on ne peut pas mourir noyé quand on a la tête en dehors de l’eau", assurait-il. Aussi, selon Francis Deswarte, le corps de Robert Boulin présentait des ecchymoses lorsqu'il a été retrouvé.