Une campagne choc contre la fessée

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avec Raphaële Schapira , modifié à
La Fondation pour l'enfance lance jeudi une campagne contre "la violence éducative ordinaire".

La question divise en France. Selon un sondage de 2009, 45% des Français voient la fessée comme un outil d’éducation, alors que 52% pensent que c’est un geste à éviter. De leur côté, les spécialistes, pédopsychiatres et pédiatres, sont formels : cette punition physique ne sert à rien, pas plus que la gifle. S’appuyant sur ces conclusions, la Fondation pour l'enfance lance une campagne à la télévision et sur Internet contre "la violence éducative ordinaire".

L’association diffusera à partir de jeudi un clip de sensibilisation. On y voit une petite fille recevoir une claque de sa mère après avoir renversé son jus d’orange à l’heure du goûter. La grand-mère, elle aussi présente, s’approche alors de la mère, sa fille, et lui demande pardon comme si elle lui avait elle-même porté le coup. Un slogan apparaît alors : "des parents qui battent ont souvent été battus".

Regardez le clip de la Fondation pour l'enfance :

"Ce spot télévisé est fait pour faire débat, pour faire réfléchir", a expliqué le docteur Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne, sur Europe 1. "Pour permettre aux enfants et aux parents de s’exprimer clairement que ce qu’ils ont vécu, pour que les parents que nous sommes se questionnent sur l’utilité, sur les dangers, sur l’intérêt de continuer des pratiques qui sont désuètes et dangereuses pour nos enfants."

"On vit dans une société culturellement baignée par l’enfant qui serait ou l’objet du péché originel, ou un individu à modeler qui serait maléfique ou déviant. C’est une aberration", s'est emporté le médecin. "C’est très important qu’on réfléchisse pourquoi on agit comme ça. Ce film nous permet aussi de voir pourquoi on reproduit ce qu’on a subi."

La France est en retard

Jacqueline Cornet, présidente de l’association Ni claques, ni fessées, reçoit souvent des appels de parents qui se sentent coupables d’avoir frappé leur enfant. Et à chaque fois, ils racontent la même chose. "Ils me disent : ‘Je suis rentré, j’étais fatigué, j’étais énervé, la journée avait été difficile’", explique-t-elle au micro d’Europe 1. "Ils reconnaissent que presque toujours c’est dans une situation particulière, qu’il y a des choses qu’ils supportent bien et qu’ils gèrent bien quand ils sont tranquilles, décontractés, que c’est le dimanche. Et puis en fin de journée, fatigués, la fessée part. Et ils se le reprochent."

Jacqueline Cornet les aide alors à se contenir. "Moi je leur dis : ‘pensez Stop fessée’. Ce petit mot, ça les débranche et ils se demandent ce qu’ils peuvent faire autrement. Et on réfléchit, et on trouve une solution adaptée au problème du moment et à l’enfant du moment. Parce que ce qui a marché avec un enfant ne marche pas forcément avec un autre", assure-t-elle.

La France est très en retard dans le domaine, explique-t-elle. Sur les 27 pays européens, 20 ont déjà mis en place des formations à l’éducation positive destinées aux parents, pour trouver d’autres solutions que la claque, la tape ou la fessée.