Un reclassement jugé indécent

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avec Lionel Gougelot , modifié à
Les prud'hommes ont donné raison à des salariés qui refusaient de partir travailler en Turquie.

Six anciens salariés de la teinturerie Staf ont emporté un combat qui pourrait faire jurisprudence dans le droit social. En 2008, leur employeur, situé à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, leur avait proposé un reclassement "exotique". Ils s’étaient vu offrir des postes en Turquie et au Brésil pour des salaires de 230 et 315 euros par mois. C’était ça ou la porte. En faisant ses propositions de reclassement, le responsable des ressources humaines avait lui-même reconnu que la méthode pouvait choquer.

Six salariés ont décidé de porter l’affaire devant la justice. Et le tribunal des prud'hommes de Lens leur a donné raison. Ils ont obtenu mercredi des indemnisations de 20.000 à 34.000 euros selon leur âge et leur ancienneté dans la teinturerie. Le tribunal a estimé que les salariés ne disposaient pas de la totalité des informations nécessaires pour se positionner. Staf aurait du faire en sorte que les salariés aient un choix réel. Hors ils ne savaient pas quels postes leur étaient proposés ni où précisément. Ce n’est pas le reclassement à l’étranger ou le salaire en eux-mêmes qui ont été contestés. La loi oblige à faire des propositions, dans l’hexagone ou hors des frontières.

"Ce jugement va peut-être peser sur d'autres groupes. Comme Continental, par exemple, qui vient de faire des propositions de reclassement en Tunisie", espère Me Fiodor Rilov, l'avocat des six salariés dans La Voix du Nord. La société Staf dispose d'un mois pour interjeter appel.