Un banquier trop gentil condamné

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avec AFP , modifié à
Il piochait dans le compte de certains clients parce qu'il n'osait pas dire "non" aux demandes de prêt des autres.

Condamné… parce qu'il était trop gentil avec ses clients. C'est en résumé l'histoire de cet ancien banquier qui a écopé mardi de cinq ans d'interdiction d'exercer. Il était jugé par le tribunal correctionnel de Grenoble pour avoir pioché dans les comptes de clients fortunés dans le but d'accorder des prêts à d'autres. Parce qu'il ne savait pas dire "non", cet ancien banquier a détourné au total environ 159.000 euros de sept ou huit comptes de la Banque Populaire des Alpes, entre octobre 2010 et février 2011. Des opérations bancaires qu'il effectuait sans que les clients concernés ne soient au courant.

Il faisait croire à ses clients que les prêts étaient accordés. Le jour où une cliente lui a demandé un prêt de 128.000 euros, l'employé de l'agence de Saint-Martin-d'Hères, en Isère, a accepté. Et ce contre l'avis de sa direction qui avait refus", de son côté, la requête. Le "banquier trop gentil" a donc fait croire à sa cliente le contraire. Devant le tribunal, il a expliqué s'être retrouvé "dos au mur" face à cette cliente qui lui avait "demandé le déblocage de son emprunt". L'homme, âgé de 33 ans, avait alors décidé de piocher dans le compte d'une autre cliente.

"Pas envie de passer pour le banquier méchant". Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Le banquer a réitèré l'opération avec un autre client. Cette fois, la demande concerne un emprunt de 17.000 euros pour financer l'achat des panneaux photovoltaïques. "Je n'avais pas envie de passer pour le banquier méchant", s'est-il justifié mardi à la barre. Le prévenu n'a en effet "tiré aucun bénéfice de cette action, si ce n'est la bonne impression" que les clients pouvaient avoir de lui, a résumé la présidente, incrédule.

Pas de préjudice pour la banque. Ce n'est qu'en 2012, quand l'employé a été licencié pour "manque de rigueur", que la banque a découvert le pot aux roses. L'avocat de la banque a toutefois expliqué au tribunal que ces opérations bancaires "ne devraient pas avoir de préjudice au final" car "les prêts étaient en cours de remboursement". De son côté, l'ancien banquier, titulaire d'une licence en biochimie, a entamé depuis une formation pour devenir... ambulancier.